Rues d'Altdorf

La matinée était fraîche, le ciel menaçait mais la pluie n'était pas encore tombée.

Je visitai Altdorf tranquillement, passant sur une place noircie au milieu de laquelle s'élevait les tours du Collège de magie Flamboyante, telles des colonnes de feu.

Mes pas me conduisirent sur la place du marché, j'en profitai pour regarder tout ce qui était proposé, étonnée par le choix offert, tellement de choses différentes...cela me changeait bien du marché de Salzenmund...me rappelant les conseils de mon frère, je rangeai ma bourse bien à l'abri, et j'allai d'échoppe en échoppe...

Les marchands la voyant intéressée par leurs produits l'abordèrent.

"Hé, mein Schwester ! Regardez donc mes étoffes venues de Cathay ! Elles iront à merveille avec votre bure !"

"Une soeur sigmarite, hein ? Ma nièce est entrée au couvent l'année dernière. Prenez donc une de mes belles pommes !

"Vous avez l'air toute pâlaude, Schwester, si vous voulez j'ai des herbes revigorantes pour vous !"

Le marché était animé, j'achetai quelques pommes que je mis dans mon sac puis me dirigeai vers l'échoppe d'un ciseleur, regardai sa marchandise, et lui achetai 8 petits gobelets, j'en rangeai 2 dans mon sac à dos, et lui demandai de faire un petit paquet avec les autres en les entourant d'un chiffon propre.
Mes achats terminés je retournai chez mon oncle.

La porte à peine passée, je croisai ma tante et un domestique chargé de colis...
- Ha, Kirstyn, ma chérie, te voilà...justement je te cherchais...viens, suis-moi, j'ai fait quelques achats pour toi, me dit-elle en se dirigeant vers le bureau de mon oncle où elle entra directement, je l'y suivis.

- Bjorn ? Kirstyn est là, nous avons besoin de ton aide..
- Ha heu...bien, répondit mon oncle, je suis à vous...
- Jan, posez les colis et retournez vaquer à vos occupations, dit-elle au domestique qui s'exécuta et referma les portes derrière lui.

Ma tante ouvrit le premier colis et en sortit une robe rose longue, avec de la dentelle et me la mit devant moi.
- Ha, alors, qu'en penses-tu ?
- C'est pour moi ?
- Bien sûr ! Pour qui veux-tu qu'elle soit...
- M...merci tante mais...c'est très gentil...mais je ne crois pas que...
- Si tu préfères une autre couleur, dis-le...mais le rose te va très bien...tu feras fureur au palais...
- Non non, c'est que...je jetai un regard vers mon oncle pour qu'il me vienne en aide mais je pouvais lire sur son visage "chacun pour soi"...
- Allons, tu ne vas quand même pas te promener en ville habillée comme une aventurière...allez, prends-la, et file l'enfiler dans ta chambre puis reviens nous montrer ça...
- H...b...bi...bien tante...lui répondis-je, et je montai dans ma chambre...

Je posai mes affaires sur le fauteuil, me déshabillai et mis la robe...je devais avouer qu'elle était très jolie...et elle devait coûter les yeux de la tête...mais elle me donnai l'air d'une courtisane...je redescendis au bureau...

- Ha, magnifique ma chérie ! Mais il va falloir que tu marches moins vite, que tu fasses des petits pas...
Derrière son bureau, mon oncle se retenait de rire...
- Ha, et puis tiens, j'ai trouvé une paire de bottes solides assorties, bon, ce n'est pas pour mettre avec la robe, il te faudra d'autres chaussures, mais tu pourras remplacer ces affreuses vieilles bottes toutes usées, me dit-elle en me montrant une paire de bottes...couleur fuschia...
- Allez, essaye-les, que je voie si elles sont à ta taille...
- Sigmar, faites que non, pensai-je très fort.
Je mis les bottes...elles étaient à ma taille...
- Ha, parfait, allez, remonte tes jupons et marche un peu avec qu'on voie...
Ce que je fis...
- Sigmar, pourquoi une telle punition ? pensai-je encore...
- Bon, très bien, je vous laisse, je dois aller prendre le thé chez Maria Van Der Geest, finit-elle en quittant le bureau, me laissant avec mon oncle et son petit sourire...

- Bien, dit-il, c'est vrai que le rose te va très bien...
- Oh mon oncle ! Tu ne m'as même pas aidée...
- Il est des choses contre lesquelles j'ai appris à ne pas lutter...tiens, prends cela et assieds-toi, me dit-il en me tendant un petit grimoire et des parchemins, des envellopes...
- Qu'est-ce que c'est ? lui répondis-je en m'asseyant.
- Ton courrier !
- Mon courrier ? mais je ne suis arrivée que depuis quelques jours...je ne connais personne ici...
- Oh mais ne t'inquiète pas, ta tante se charge de cela, pourquoi crois-tu qu'elle est allée prendre le thé chez mon vieil associé ? Elle fait ta...promotion !
- Hva ?...heu, excuse-moi...je voulais dire comment cela ? Mais...
- Bah, laisse faire ta tante, ça l'occupe et ça lui fait plaisir, et puis ça te fera du bien d'être chouchoutée...
- Mais mon oncle...je ne suis pas venue ici pour ça...
- Je sais, je sais...mais profites-en tant que tu es là...parlons sérieusement...alors comment s'est passée ta visite à la taverne ?
- Heu...disons...surprenante...
- Tu as trouvé une compagnie pour t'engager ? Ca y est ?
- Et bien, pas vraiment...j'en ai repérée une mais bon...je ne suis pas certaine que ce soit la 'bonne'...
- Hmm, d'accord, ça tombe bien, dans ton courrier, je t'en ai indiqué 2 autres qu'un ami commerçant m'a renseignées, pour la première, il y a un contact ic, je l'ai indiqué, l'autre, c'est un peu à l'écart, dans les montagnes...
- Dans les montagnes ? C'est gentil ça, mais je m'y rends comment ?
- C'est pour ça que je t'ai mis le petit grimoire, regarde, il est plein de cartes, il date du temps ou ton papa était éclaireur, il en a plusieurs, c'est moi qui les conserve, ma situation s'y prête mieux...et puis, j'ai entendu que des nains avaient mis en place un système de transport en gyrocoptère...
C'était vrai, une grande demeure dans Altdorf, avec une bibliothèque...forcément, ça aide...
- Merci mon oncle.
- Et si j'étais à ta place, j'irais vite me changer, et j'irais lire mon courrier "ailleurs"...je dirai à ta tante que tu es partie pour un rendez-vous...
- Oh, merci mon oncle ! Je filai dans ma chambre.

Une fois redevenue moi-même, je regardai les bottes...bon, d'accord, elles sont vraiment affreuses...mais elles sont de très bonne qualité...et neuves...et on dirait qu'elles ont été faites pour mes pieds...bon, tant pis, je les mets quand même...même si tante a un goût...douteux, elle sait choisir de la qualité...

Je pris mon sac, y fourrai mon courrier et quittai la maison en vitesse...et me dirigeai vers la taverne du squig boiteux...

La journée était déjà bien avancée et les marchands se pressaient de remballer leur échoppes avant la tombée de la nuit. Les premiers signes annonciateur d'un hiver rude avaient déjà fait leur apparition et cette nuit encore allait être fraîche au grand dam des mendiants qui n'auraient pas pu se faire une place au temple de Shallya.

Aucune joie ne se lisait sur le visage des citadins, depuis que l'épidémie de peste avait touché la capitale. Cette dernière était coupée en deux et un grand nombre d'habitants des bas quartiers c'étaient réfugiés dans les "zones saines" de la ville ce qui avait fait naître un certain mécontentement au sein de la bourgeoisie qui voyait d'un mauvais oeil que des pecnots viennent s'agglutiner dans leurs quartiers.

"Vous n'auriez pas une petite pièce pour un vieil homme mon bon monsieur?" Implora un vieillard au visage fripé, aux long cheveux éparses et vêtu de frusques crasseuses.

"Et puis quoi encore ?! Tu veux pas que je t'file ma bière pendant que t'y es?!" Lui répondit la courte silhouette devant lui.

"Je n'ai plus rien... Ma femme est morte à cause de la peste et cela fait déjà trois jours que je n'ai rien mangé..." Se lamenta le vieillard.

"Tu crois que j'ai pas compris ton p'tit jeu? Tu crois que j'ai pas vu ton compère là haut prêt à me larciner une fois qu'j'aurais sorti ma bourse? A d'autres ! Si t'as si faim la vermine grouille partout ici ! T'as qu'à bouffer un rat !" Lui rétorqua l'étranger d'un ton sec.

"Misérable... Vous autres les nains n'avez aucun coeur j'espère qu'la peste vous emportera..." Râla le vieil homme en levant le poing.

"Garde ta salive vieil homme il faudra bien plus qu'une "petite" épidémie de peste pour v'nir à bout des nains." Lança le nain alors qu'il reprenait son chemin tournant le dos au vieillard.

Il continua à marcher un moment dans les rues d'Altdorf, ne prêtant pas attention aux personnes sur son passage. Il était vêtu d'une veste de cuir rembourré gris/bleue lui descendant jusqu'au genoux serrée à la taille par une ceinture de laquelle pendait des outils ainsi que d'autres gadgets étranges. Il portait aussi des gants et des bottes de la même teinte. Dans son dos il avait un sac bien rempli ainsi qu'un fusil protégé dans de la toile.

Sa barbe était couleur feu et les tresses qui la composaient étaient attachées par un anneau en bronze. Ses cheveux étaient rasés sur les côtés et derrière il étaient tirés en une courte tresse. Les traits de son visage semblaient taillés au burin et laissaient paraître une expression sévère.

Soudain il s'arrêta et leva les yeux vers l'enseigne qui se balançait au vent. Cette dernière représentait un squig barré par deux épées. Il était arrivé au Squig boiteux. Il se dépêcha de monter les marches menant à la porte et la poussa avec vigueur.