Voici le premier chapitre de l'histoire du jeune et intrépide Wilhard Heizel, un personnage que peut être je jouerai en second lieu d'ici là j'espère que vous apprécierez mon texte. Le soleil se levait et les brumes matinales recouvraient le paysage d’un duvet blanc. Les épaisses forêts avaient cédées leur place aux côtes et à la mer à perte de vue.
« Voici donc la province du Nordland ! » S’exclama un jeune homme dont la voix était teintée d’émerveillement mais aussi d’une pointe d’anxiété. Ce jeune homme se prénommait Wilhard Heizel, fils de bonne famille il était issu de la petite noblesse de Talabheim. Il y a quelques années encore il étudiait les arts et les lettres à l’université d’Altdorf mais il fut bien assez vite lassé suite à plusieurs déceptions amoureuses. Malgré les remontrances de son négociant de père, qui menaça de le déshériter il claqua la porte de l’université d’Altdorf et décida pour le plus grand regret de sa défunte mère de s’engager dans les armes.
Jusque là ce qu’il connaissait des armes ne se limitait qu’à quelques cours d’escrime et quelques duels avec d’autres étudiants de l’université d’Altdorf. Il va s’en dire que pour un jeune homme tout juste sorti de l’adolescence et des jupons de sa mère le changement se fit vite ressentir.
Le peu d’argent qu’il avait réuni lui avait permis de s’octroyer une vieille jument alezane qu’il acheta sur une foire, une armure si terne et cabossée qu’elle n’avait pas servi depuis au moins trente ans et une rapière au tranchant émoussé.
Un matin très tôt, il y a deux ans de cela, il se présenta, sans vraiment savoir où aller, aux portes de l’ordre des chevaliers du soleil. Durant toute sa plus tendre enfance il fut bercé par les récits des braves chevaliers chargeant sous des grêles de flèches au milieu des hordes d’ennemis. Ces êtres étaient l’incarnation même des héros, des individus sans peur, débordant de courage et d’honneur.
« Excusez moi ? Se souvint t’il avoir demandé d’une voix chevrotante à un des hommes en faction.
Pourriez-vous m’indiquer où je pourrais trouvé un bureau d’inscription ? »L’homme le dévisagea quelques instants avant d’éclater de rire. Wilhard le regarda un peu hagard et celui-ci lui répondit :
« Passes ton chemin gamin, tu es bien trop jeune et trop maigrichon pour devenir chevalier. »Ce fut comme un coup de tonnerre dans l’esprit de Wilhard, il sentit un instant ses jambes se dérober sous son poids et une boule se développer dans son estomac. Mais rien ni personne ne pouvait se mettre en travers de son chemin, au fond de lui il savait que c’était la vie dont il avait tout le temps rêvé et il prit sur lui pour dire :
« Je suis prêt à tout pour devenir chevalier ! Et je suis prêt à vous le prouver sur le champ, je ne bougerai pas d’ici avant d’avoir pu parler avec l’un de vos supérieurs ! »Lui-même n’en revenait pas, il venait de tenir tête à cet homme et il se rappela alors ce jour où il avait tenu tête à son professeur de littérature dans un amphithéâtre bondé d’étudiants. Il se campa devant le garde, les bras fermement croisés, avec un air revanchard. L’homme n’y prêta guère d’attention et toute la journée durant il laissa le pauvre Wilhard ainsi. Les dieux semblaient eux aussi s’être tournés contre lui quand des trombes d’eaux se déversèrent du ciel.
Mais même trempé jusqu’aux os il ne bougea pas d’un cil et continua de fixer droitement le garde. Il était frigorifié, ses vêtements étaient imbibés d’eau, il n’avait plus un seul endroit sec et pour couronner le tout il avait sûrement attrapé un rhume. Enfin sa persévérance paya quand à la tombée de la nuit le garde qui avait quitté son poste durant la journée revint le chercher.
« Tu es vraiment prêt à tout ? Lui demanda t’il.
-Jusqu’à nettoyer de fond en comble toutes vos écuries et vos quartiers ! S’exclama Wilhard avec détermination.
-Tu ne fais pas si bien dire ! Dés demain aux aurores je veux te voir préparer les chevaux, nettoyer les sols et changer le foin des bêtes.
-A vos ordres monsieur ! »Les semaines qui suivirent furent des plus difficiles pour Wilhard qui devait nettoyer, re-nettoyer, nourrir les chevaux, les préparer, lustrer les armes, bâcher les sols et astiquer les escaliers. Une voix dans sa tête lui disait d’abandonner, de jeter l’éponge et de revenir ventre bas devant son père et de l’implorer de le prendre dans sa société où il pourrait vivre dans l’opulence. Mais il ne le ferait pas ! Jamais plus il ne pourrait se regarder en face s’il cédait à ses faiblesses, ce n’étaient pas quelques douleurs, quelques cors aux pieds ou bien des ampoules aux talons qui le feraient changer d’avis.
Au bout d’un mois l’élégant et raffiné jeune homme n’était plus, ses cheveux étaient ébouriffés, ses vêtements usés et sales, et il était couvert de crasse de la tête aux pieds.
Un matin alors qu’il allait nourrir les chevaux à l’écurie, un homme vint le chercher. Cet homme lui transmis une convocation d’un des maîtres de l’ordre. Il voyait enfin l’accomplissement de son travail de forcené et se félicita pour s’être prouvé à lui et aux autres qu’il valait la peine.
Aux environs de midi il se présenta dans un grand hall où l’attendaient trois hommes. Chacun d’eux portait une pesante armure de plate complète et à leur ceinture pendait une longue épée dans son fourreau. De plus près Wilhard fut frappé par le charisme que dégageaient ces fiers chevaliers, leurs visages couturés, leur regard étrangement profond et leur mine sévère ne les rendaient que plus héroïques.
« Wilhard Heizel… Prononça l’un d’eux.
Avance ! »Wilhard fit un pas en avant, et à ce moment là le doute le frappa de plein fouet.
« Il semblerait que tu as démontré beaucoup d’abnégation et de détermination depuis ton arrivée ici, ai-je raison ou ai-je tord ? Questionna un second chevalier en articulant chacune de ses syllabes.
-Vous… Vous avez raison monseigneur ! Parvint à dire Wilhard.
-De ce fait tu penses que cela suffira pour faire de toi un chevalier ? Demanda à son tour le troisième homme.
-Je… Je ne puis vous dire monseigneur, mais je sais que c’est ce que je souhaite plus que tout…
-Saisis tu ce qu’est réellement le devoir d’un chevalier ?
-Le chevalier doit agir avec courage, mais aussi avec honneur et passion ! Il doit défendre les faibles et les opprimés, il doit toujours se donner corps et âme.
-Wilhard Heizel, à compter de ce jour vous serez l’écuyer de Klaus Reinhass, c’est lui qui vous apprendra le métier de chevalier et vous, en contre partie, vous le servirez et exécuterez chacune de ses demandes.
-Merci à mes seigneurs ! Je ne puis vous rendre grâce…
-Continues de d’agir comme un chevalier et un jour peut-être Myrmidia fera que tu seras l’un des nôtres. »Klaus Reinhass se révéla n’être autre que le garde que Wilhard avait rencontré aux portes de l’ordre. C’était un homme d’âge mûr, dont les états de service, bien que ne lui ayant rapporté aucune promotion, imposaient le respect. Il avait combattu sur des dizaines de champs de bataille, contre des ennemis tous plus horribles les uns que les autres. Wilhard n’avait jamais autant appris qu’auprès de Klaus. Il se révéla bon écuyer, il s’occupait de la monture de son maître, de ses armes et armures, et tâchait à satisfaire ses exigences.
Au bout de quelques mois il était devenu un brillant cavalier et une fine lame, mais il aspirait toujours autant à devenir chevalier. Plus d’une fois Klaus s’évertua à freiner les ardeurs de son jeune écuyer, lui répétant inlassablement que Myrmidia veillait à ce que seul les braves portent les couleurs de l’ordre.
Malheureusement pour Wilhard la période à laquelle il vivait ne fut pas épargnée par les troubles. Venus des royaumes infernaux du nord, des hordes de maraudeurs assaillirent l’Empire, il était dit que leur chef n’était autre que le tristement célèbre Archaon, Seigneur de la Fin des Temps. C’est ainsi que pour la première fois de sa vie Wilhard se retrouva sur un champ de bataille, et l’expérience fut pour le moins traumatisante.
Perdu au cœur de la masse des hommes il ne savait où donner de la tête, les ordres survenaient de toute part, sa monture était étrangement nerveuse, les cris des mourrant le hantaient tout comme la vision des corps mutilés. Puis il crut sa dernière heure venue quand il posa les yeux sur l’ennemi. Une marée noire qui déferlaient droit sur les lignes impériales, des bannières marquées de symboles impies flottant aux vents et les chants de guerre qui lui donnaient de douloureux mots de crâne.
Pourtant s’il voulait rester sauf il n’avait qu’à tourner les brides et fuir le plus loin possible, mais au fond de lui il savait que ce serait inutile, une telle armée ne s’arrêterait pas aux frontières des autres royaumes, une telle armée était là pour piller, saccager et massacrer une éternité durant.
Prenant son courage à deux mains il dirigea sa monture vers les autres cavaliers. Il chercha Klaus du regard et trouva celui-ci engoncé dans son armure de plates complète, sa longue lance de cavalerie callée contre son flanc, se tenant raid comme un piquet sur sa monture. Il comprit alors que le plus effrayant n’était certes pas la bataille en elle-même, mais ces moments d’attente où l’on se retrouvait confronté qu’à soit même.
Une fois sa monture lancée Wilhard fut comme libéré d’un poids et ne réfléchissait plus à rien. Il scruta les rangs ennemis qui se rapprochaient à grand pas tandis que sa monture était au galop. Il dégaina son pistolet de duel et sa rapière tout en se concentrant sur un seul homme.
L’instant d’après il fut sur lui. Tout se déroulait comme au ralenti. L’homme beugla quelque chose dans sa langue, mais Wilhard n’entendit rien tellement le sang tapait dans ses tempes. Il le vit décrire un arc de cercle avec sa hache tout droit vers les pattes de sa jument mais à ce moment il para de sa lame et braqua son pistolet en direction du crâne de son adversaire, qu’il fit sauter en pressant la détente.
La réalité reprit son droit et il fut pris de plein fouet par un raz de marée d’émotions, de sensations et d’images. Des larmes coulaient sur ses joues sans qu’il ne s’en rende compte, un maraudeur se jeta sur lui, menaçant de le désarçonner mais il parvient à se rattraper à temps.
Il repris son équilibre difficilement et esquiva au dernier moment le tranchant d’une hache qui ne fit qu’érafler son plastron dans une gerbe d’étincelles. Cramponnant fermement son épée il donna plusieurs coup de taille et d’estoc, tentant de passer outre la garde de son adversaire. Ce dernier faucha sa monture d’un puissant coup de hache, la jument poussa un dernier cri d’agonie en s’effondrant, Wilhard fut jeté à terre et se retrouva sur le dos.
S’apprêtant à l’achever le maraudeur le surplombait de toute sa hauteur mais au moment de délivrer le coup de grâce, il fut promptement décapité et sa tête vint éclaboussé Wilhard. Les yeux encore fermé il sentait le liquide chaud souillé son visage, il se demanda s’il était mort mais savait que non. En ouvrant les yeux il reconnu Klaus, le chevalier l’aida à se relever et lui donna une tape amicale dans le dos. Ils n’eurent pas le temps de dire le moindre mot parce qu’un troisième maraudeur accourut dans leur direction.
Wilhard fut sidéré de voir avec quelle aisance Klaus parvint à désarmer l’homme, qui pourtant devait bien faire une tête de plus que lui, et enfoncer son épée jusqu’à la garde dans son torse couvert de tatouages tribaux. A la suite de ça Klaus fit mordre la poussière a deux autres hommes, mais bien vite il fut débordé de toute part. Wilhard se jeta à son tour dans la mêlée, il donna plusieurs coups de rapière sans vraiment regarder où il frappait. Des mains se saisirent de lui et il se retrouva séparé de Klaus et c’est ainsi qu’il assista à la mise à mort de son mentor.
Il poussa un funeste hurlement de douleur, ses joues étaient ruisselantes, il se dégagea de l’emprise de ses ennemis et s’écroula face contre le sol. Il resta ainsi jusqu’à la fin de la bataille, ne se rendant pas compte de la victoire de l’armée impériale et de la fuite des barbares nordiques.
C’est quand le calme revint qu’il pris sur lui et rampa jusqu’au corps de Klaus. L’homme gisait à terre plié en deux, du sang s’écoulait là où la hampe d’une lance le perçait de par en par. Pourtant Wilhard lui trouva un air paisible, il lui sembla même entrevoir l’esquisse d’un sourire sur son visage. Soudain Klaus entrouvrit les yeux, puis d’une voix à peine audible prononça des mots qui restèrent à jamais gravés dans la mémoire de Wilhard.
« Gamin c’est toi ? La vie s’échappe de moi peu à peu… Klaus fut à cet instant pris d’une sérieuse quinte de toux et cracha du sang.
Nos routes se séparent ici, tu as été comme un fils pour moi… Mais maintenant il va te falloir marcher seul… Prends mon arme, elle est à toi fils… Tu es un chevalier à présent, je serais présent à tes côtés et que Myrmidia veille sur toi… »Ce furent les derniers mots de Klaus Reinhass, car celui-ci expira et s’en alla rejoindre Sigmar.
Durant le retour vers la forteresse de l’ordre Wilhard ne prononça pas un seul mot, marqué par la mort de Klaus il était plongé dans ses pensées et ne se souciait pas de ce qui se passait autour de lui. Aucun vivat n’accompagna le retour des hommes, tous portaient le masque du deuil. Wilhard avait fait le chemin du retour sur la monture de son ancien maître et portait à sa ceinture l’épée de ce dernier.
Il ne se présenta pas tout de suite devant le cercle intérieur de l’ordre et préféra s’isoler pour la nuit. Ce n’est que le lendemain matin qu’il reçut une nouvelle convocation. Il se rendit à celle-ci vêtu de son armure encore couverte de traînées de sang, le visage couvert de crasse et les yeux rouges.
« Wilhard Heizel, avance ! Ordonna l’un des chevaliers.
Nous avons eu vent de ta bravoure. »Le jeune homme ne répondit pas.
« Nous portons nous aussi le deuil de ceux qui sont tombés en ce sombre jour. Ton avenir sera bientôt jalonné de morts, tu as choisi de devenir chevalier, tu seras donc à même de la côtoyer de très près. T’en sens tu toujours capable ?
-Plus que jamais…
-C’est ce que nous voulions entendre, répondit un autre chevalier.
Wilhard Heizel présente toi face à nous, genou contre terre. »Wilhard s’exécuta, il décrocha l’épée de Klaus de son ceinturon et la tendit aux chevaliers face à lui.
« Jures tu de défendre les faibles et les opprimés jusqu’à ta mort, de te sacrifier pour ton royaume et de jurer fidélité à l’ordre des chevaliers du soleil…
-Je le jure ! S’exclama Wilhard.
-Que Myrmidia veille sur toi jeune chevalier car la route sera semée d’embûche et il te faudra te montrer fort ! Ne crois pas d’ailleurs que le plus dur est passé, c’est à présent que tout commence. Wilhard Heizel nous te faisons chevalier de l’ordre du soleil ! »Le chevalier après avoir marqué Wilhard rendit l’épée de Klaus à ce dernier.
« Tu vas devoir te rendre au nord de l’Empire, la province du Nordland a subit une récente attaque et notre bon seigneur Karl Franz a décidé de lever une armée en représailles. Il ordonne à chaque homme de se joindre aux forces en présence pour barrer la route aux serviteurs des dieux noirs. »C’est ainsi que Wilhard chevaucha plusieurs jours durant jusqu’à la province du Nordland. Le périple ne fut pas de tout repos. Il entendit diverses rumeurs concernant l’émergence d’un nouveau champion des dieux de la ruine et d’une horde se massant dans les contrées nordiques pour déferler à nouveau sur l’Empire. Mais il fut rassurer d’entendre que nombreux étaient ceux à répondre à l’appel de Karl Franz et que bientôt ils feraient route vers le nord pour affronter cette nouvelle menace.