Un nouveau cycle débutait, l’hiver venait de céder place au printemps et la nature reprenait vie. De petites fleurs blanches tapissaient le sol de la forêt, tandis que les arbres revêtaient leur feuillage. Le vent rapportait de douces fragrances parfumées ainsi que des éclats de rire. Dans les eaux cristallines des Lacs Miroitants d’Ithorien deux jeunes elfes étaient en train de se chamailler et de s’éclabousser. L’un des deux disparu sous l’eau pour réapparaître nez à nez avec l’autre, à cet instant ils s’enlacèrent et sombrèrent dans les eaux.
Quelques temps après les deux amants étaient allongés sur la rive d’un des lacs.
« Giléas je n’oublierai jamais cet instant, murmura la jeune elfe tandis que son regard se perdait dans le ciel.
-Chacun des moments que nous passons ensemble est gravé dans ma mémoire, répondit Giléas en caressant le visage de la belle.
-Je ne peux m’empêcher d’être amer mon amour, lui dit elle en se tournant vers lui.
Nos deux clans se haïssent et si père venait à apprendre que nous nous voyons en cachette il réclamerait ta tête.
-Tant que nous prenons toutes nos précautions nous ne courrons aucun ris…
-Je crois que tu as parlé trop vite misérable ! Siffla une voie derrière les taillis. »
Un elfe apparu, il était vêtu d’une tunique grise, d’une cape vert pâle, il tenait dans une main une longue lance à double lame et dans l’autre un casque.
« Lyadris, votre père m’a ordonné de vous retrouver et de vous ramener sur le champ, il est très inquiet à votre sujet…
-Non ! Hurla Lyadris alors que des larmes se mirent à couler le long de ses joues.
Je n’ai aucun compte à vous rendre à vous et à père !
-Pour autant je ne crois pas que celui-ci apprécie que vous folâtriez avec un mécréant…
-Qui insultes-tu de mécréant ?! Fulmina Giléas.
-Gardes toi d’intervenir vaurien ! J’aurais très bien pu te mettre à mort pour avoir souiller la fille du seigneur Kelthoïn ! Tu ferais mieux de reprendre tes frusques et de filer d’ici tout de suite !
-Nous avons le droit d’être ici tous les deux et c’est pas vous qui nous en empêcherez !
-Je me suis montré suffisamment patient, tu devrais te réjouir d’être toujours en vie et partir tant qu’il en est encore temps.
-Vous pouvez toujours compter là dessus ! »Giléas se leva, enfila sa tunique, se saisit de son épée et fit face à son adversaire. La détermination se lisait dans son regard.
« Giléas ne fait pas ça ! Ralaïn est le héraut de mon père… Tu n’as aucune chance contre lui…
-Tu devrais l’écouter, Conseilla Ralaïn.
Je n’ai aucune envie de souiller cet endroit de ton sang, alors tu ferais mieux de ranger ton arme et de quitter ces lieux immédiatement.
-Ce n’est pas toi qui vas m’enlever Lyadris ! Je préfère encore mourir que de me résigner à ne plus jamais la revoir ! »Soudain le jeune elfe se jeta sur son adversaire et lui délivra une pluie de coups que ce dernier n’eut aucun mal à esquiver. En réponse Ralaïn lui asséna un violent coup de genou dans l’estomac qui laissa Giléas à terre.
« Je te laisse encore le choix… La vie ou la mort… »En réponse à cela Giléas se remis debout et pris une posture défensive.
« Je ne sais vraiment pas quoi dire, je me demande si tu fais preuve de courage ou tout simplement de stupidité… »Ce fut au tour de Ralaïn de charger, il fit tournoyer sa lance avec dextérité avant de décrire un arc de cercle vers la gorge de Giléas qui para l’attaque in extremis avec son épée. Le choc des deux lames fit voler des étincelles. Ralaïn fut stupéfait, personne avant cela n’était parvenu à parer sa botte, il fit un bond en arrière et s’apprêta à attaquer quand Giléas bondit sur lui. Il esquiva l’attaque mais au dernier moment le jeune elfe se retourna et lui entailla le flanc de sa lame.
Lyadris assistait à la scène impuissante, elle ne savait que faire, elle s’en remit alors à Isha pour que cette dernière vienne en aide à Giléas.
Touché dans son honneur Ralaïn se lança à l’assaut avec fureur, il fit pleuvoir un véritable déluge de coups que Giléas eut toute les peines du monde à parer. Le jeune elfe était déjà épuisé, il saignait d’une bonne dizaine de plaies et jamais il ne parviendrait à tenir si son adversaire continuait ainsi. Il sentit ses jambes fléchir sous son poids, son épée quand à elle était de plus en plus lourde et sa vue se troublait.
« Je n’aurais jamais cru que tu tiennes jusque là, s’esclaffa Ralaïn.
Tu es bien plus solide que je ne le pensais, ton clan pourra pleurer ta perte car tu aurais pu être promis à un tout autre avenir…
-Fermes là ! Eut il la force d’hurler.
Je ne suis pas… Encore mort…
-Regardes toi, tu ne tiens plus debout et tu as le regard vide. Je te promets une mort rapide et sans douleur si tu lâches ton arme.
-Noooon ! Gémit Lyadris.
-Ne vous mêlez pas de ça, il a choisi sa propre destinée, il lui faut maintenant assumer. »Giléas se rua sur Ralaïn et donna un coup d’épée maladroit que le héraut du seigneur Kelthoïn esquiva sans la moindre difficulté. Une vive douleur lança le jeune elfe quand la lame de la lance perça son épaule et se logea dans ses chairs. Giléas à cet instant lâcha son arme et tomba genoux contre terre. Ralaïn leva sa lance pour lui porter le coup de grâce, il adressa une dernière prière à Kurnous pour que celui-ci veille sur l’âme de cet elfe et il frappa.
Giléas attendait sa mort mais celle-ci ne vint pas. Il sentit un liquide chaud lui couler sur le dos et il leva alors la tête. Au dessus de lui se tenait Lyadris, encore nue, la pointe de la lance dépassait d’entre ses omoplates et un mince filet de sang s’écoulait. Ralaïn était sans voix, complètement tétanisé. Lyadris avait les yeux déjà couverts d’un voile trouble, elle glissa lentement de la pointe de la lance et tomba dans les bras de Giléas.
« Mon amour… Mon… Mon amour parles moi… Pourquoi toi ? Tu n’avais pas le droit…
-Isha a exaucé mon vœu… Murmura Lyadris dans un dernier effort.
Je t’aime… »Giléas poussa un hurlement bestial qui fit frémir la forêt. Il était déchiré entre la colère et le désespoir. Il se saisit de son épée et se tourna vers Ralaïn.
« Tu vas payer pour ton crime ! Sois maudit ! »Ralaïn ne répondit rien et ne bougea pas d’un pouce quand Giléas lui enfonça sa lame dans les entrailles et que celle-ci ressortie de l’autre côté. Pour autant ceci ne calma pas le jeune elfe qui, fou de colère, s’acharna sur le corps de celui qui avait tué son amour. Après cela on ne revit plus jamais Giléas. Certains disent qu’il c’est enfoncé dans les bois plus loin encore que tout autre elfe ne l’avait fait auparavant et que dans la pénombre il pleure encore sa bien aimée. D’autres disent que prit par le désespoir il c’est donné la mort et que son corps repose au fond d’un des lacs miroitants. Quelque soit la vérité la forêt entière pleura cet amour brisée.
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Ceux qui auront lu Gardiens de la forêt sauront de quoi j'ai tiré mon inspiration. N'hésitez pas à commenter ce texte que ce soit sur le fond ou sur la forme. J'espère en tout cas qu'il vous plaira.