Après
l'Histoire de Castagne, voici la Géographie de Castagne, pour mieux comprendre d'où vient Dangorn de Castagne, et comment il est devenu Comte après sa quête du Graal.
◊ Le Comté de Castagne ◊
De l'Étude des Lieux de Moussillon et des Gens qui les Peuplent
Par Géraud Théonay de l'Anguille
I. Localisation et présentation générale.Avant de devenir un comté, Castagne n'était qu'une petite baronnie sans prétention. Les noms des barons de Castagne ne sont guère connus que depuis la trahison du triste sire Mauldred.
Le Comté de Castagne se situe à la frontière du Moussillon, à la lisière de la forêt d'Arden et bordé par la Soivre, un affluent de la Grismerrie.
Ce n'est guère un grand fief en superficie, et quiconque voulant le traverser de part en part mettra à peine quatre heures à cheval, et guère plus d'une journée de marche.
II. La Baronnie de Castagne.II.a) Le Castel de Castagne
A l'extrême Est du Comté se dresse le Castel de Castagne. Entouré de marécages qui lui tiennent lieu de douves naturelles, il fut cependant érigé sur un sol meuble et quelque peu instable. En conséquence de quoi il fut reconstruit maintes et maintes fois, et il est perpétuellement en travaux car il possède toujours un pan de mur ou une tour effondrée.
Ces travaux coûtent cher à la longue. Le seigneur du domaine est donc obligé de lever des taxes assez absurdes pour couvrir les frais de réparations, et de punir injustement quelques gueux pour s'occuper de cette corvée.
Ainsi, récemment, Dangorn de Castagne a dû instaurer une taxe sur le nombre de doigts de pied. Or la plupart des paysans ne savant pas compter, ils se font régulièrement escroquer par les prévôts-percepteurs du Comté, qui leur dénombrent entre treize et quatorze orteils alors qu'ils n'en possèdent souvent que douze (la proximité de Moussillon y est peut-être pour quelque chose). Le supplément ainsi généré ne va malheureusement pas dans les caisses du Comté, mais dans les besaces des prévôts-percepteurs, qui le dépensent en vin et en nourriture non-avariée.
Ces difficultés font que le comte Dangorn n'est pas aussi riche qu'il pourrait l'être. Son confort personnel dans son château délabré se limite à une chambre avec un lit à baldaquin, une table de chevet, une armoire, et un coin de toilette. Le reste du château se compose d'une salle à manger (servant aussi de salle de réception à l'occasion) avec une grande table et quelques tapisseries vétustes et poussiéreuses, des appartements des serviteurs (souvent une litière de paille au milieu des escaliers dans une tour froide et humide), d'une cuisine assez insalubre (qui sert aussi d'appartement et de coin toilette du cuisinier-bouffon), d'un souterrain secret, d'une écurie qui sert aussi d'entrepôt et d'étable, ainsi que d'une muraille, sur laquelle patrouillent une poignée d'hommes d'armes valides et quelques archers plus ou moins estropiés ou atteints de malformations handicapantes.
Nul autre que Dangorn et son fidèle bouffon-cuisinier ne sait où se trouve l'entrée du souterrain secret, et ils sont les seuls à en posséder la clé. Nul ne sait non plus où peut mener ce souterrain, même si la rumeur court qu'il s'agit d'une cave remplie de bons vins que le comte garderait jalousement pour lui, ou bien un cachot dans lequel il aurait enfermé des vierges d'une grande beauté et avec lesquelles il se livrerait, entièrement nu, à des pratiques que la morale réprouve. Mais ce ne sont que des rumeurs. Pour ces raisons, le cuisinier-bouffon jouit d'une aura mystique auprès des autres gueux, car il est le seul à connaître la vérité, et donc il est craint et respecté autant qu'envié par son statut et son accès au dit souterrain.
Les chevaliers sous les ordres du comte Dangorn proviennent tous de la région, très peu ont des terres qui leur appartiennent et parmi ceux qui en ont, certains ne possèdent qu'un bout de champart, avec un seul paysan sous leur protection pour le cultiver. Certains même régissent un étang ou une parcelle de marécage, bien évidemment inhabités.
Ces chevaliers résident dans les environs du château de Castagne, soit dans de petites chaumières isolées avec leur dame et leurs enfants, soit à Sainct-Landouin.
II.b) Sainct-Landouin.
Comme beaucoup de paysans, les habitants de Sainct-Landouin ne savent même pas qu'il existe un monde au-delà de leur village. Et ils ne vous croiraient pas si vous le leur disiez. Cela dit, ils sont dans l'ensemble gentils et accueillants. A première vue, c'est un village tout à fait banal, mais si vous regardez bien certains détails, vous verrez qu'il y a quelque chose d'étrange. Point de fleur de lys, point d'effigie de la Dame du Lac, même dans la petite chapelle qui tient lieu d'église. Au lieu de cela, les vitraux et les statuettes de bois qui la décorent représentent tous un énorme escargot.
Les villageois de Sainct-Landouin sont généralement plutôt gentils et accueillants. En effet, en dépit du fait que le village porte le nom du plus dévoué serviteur de la Dame qui ait jamais existé après Gilles le Breton lui-même, les villageois de Sainct-Landouin ne savent même pas qui est la Dame du Lac. Ils ont depuis longtemps oublié la déesse de Bretonnie, et elle-même les a oublié depuis des lustres. A la place, les paysans de Sainct-Landouin se sont mis à vénérer le Dieu-Escargot, qu'ils appellent Bavmorve.
Gravure représentant des paysans en train de vénérer le tout-puissant Bavmorve. Prenez garde toutefois, si d'aventure vous passez par Sainct-Landouin et que vous n'êtes pas un adepte du Dieu-Escargot, n'allez surtout pas le crier sur tous les toits ! En effet malgré leur comportement amical et accueillant envers les étrangers (c'est-à-dire tous ceux qui habitent à plus de sept cent yards), les sainct-landouinois sont très croyants en leur divinité, au point de vouer une haine fanatique à tous ceux qui n'adhèrent pas au culte du tout-puissant Bavmorve. On a déjà vu des voyageurs de passage se faire lapider puis tabasser à mort par une horde de paysans frénétiques car ils avaient eu l'outrecuidance de dire qu'ils ne croyaient pas qu'un escargot puisse être divin.
II.c) Le Marais des Goules.
La baronnie de Castagne est très humide et la majeure partie de sa superficie est un immense marécage. Comme son nom l'indique, le Marais des Goules est régulièrement infesté de goules et autres bestioles peu recommandables. Fort heureusement, les chevaliers de Castagne sont toujours présents quand il s'agit d'exterminer ces abjectes créatures, c'en est presque devenu une façon de s'entraîner comme une autre. Il est courant d'entendre l'expression "ça lui a pris comme une envie de chasser les goules".
III. La Baronnie de Maulièvre.III.a) A propos de Maulièvre.
Située au sud-ouest du comté, la baronnie de Maulièvre est une région de bocage assez monotone. Il y a très peu de reliefs et très peu d'arbres dans ce fief. La seule chose vraiment intéressante est le château de Maulièvre, une très ancienne arche elfique, comme en témoignent ses deux tours à l'aspect élancé, transformée en manoir et réparée au fil des siècles par des paysans bretonniens, sous les ordres des barons qui se sont succédés à la tête de ce domaine.
Autre détail, bien que de moindre importance : un unique moulin à vent se dresse sur une colline au nord de Maulièvre, mais il ne fonctionne que rarement. De toute façon la principale nourriture des paysans de Maulièvre n'est point le pain produit grâce à la farine moulue par ce moulin mais les grenouilles et les escargots que les hommes vont chasser dans les flaques d'eau stagnante, ou les vers de terre qu'ils parviennent à capturer après avoir labouré un champ et uriné dans les sillons pour les faire remonter à la surface.
III.b) Relations avec le Mordelion.
Les relations entre Maulièvre et le Mordelion n'ont jamais été franchement bonnes. Elles sont pourtant bien mieux qu'elles ne l'ont été, mais il subsiste une tension et un dédain réciproque entre ces deux fiefs, un sentiment tenace qui se perçoit même sur le champ de bataille quand les hommes d'armes de Maulièvre sont obligés de coopérer avec les archers de Mordelion. C'est étrange car les deux terres n'ont pas de frontières communes. En fait leurs différends ne sont point à ce sujet
L'origine exacte de cette tension s'est perdue dans les limbes du passé, mais on raconte que le moulin à vent de Maulièvre aurait été construit à partir de bois volé à Mordelion. Pis encore, on raconte qu'un baron de Mordelion a ordonné à ses hommes de mettre le feu à ce moulin. On raconte également que longtemps avant cela, le baron de Maulièvre de l'époque a volontairement bouché les latrines de son rival après un banquet auquel il était gracieusement convié. Mais on dit aussi que le baron de Mordelion avait mis des aliments avariés dans l'assiette de son invité dans le but de lui donner la courante.
Bref, il y a beaucoup de rumeurs. Toujours est-il que cette tension a atteint son paroxysme lors de la Bataille des Trois Barons, nous en reparlerons dans l'Histoire de Castagne.
III.c) Théomard de la Banderole.
Théomard de Maulièvre, dit "de la Banderole", est le porte-étendard de l'armée du comte Dangorn. En effet les relations entre Maulièvre et Castagne sont très bonnes, c'est sans doute grâce au fait que Théomard possède des vignes et qu'il produit son propre vin, la Pissetrounette. Un vin assez mauvais et très âpre à cause du faible ensoleillement (le ciel est en permanence couvert au-dessus du Duché de Moussillon, et Castagne ne fait guère exception), mais les vignerons ont depuis longtemps trouvé la parade : il suffit de cacher son goût affreux avec force jus de fruits rouges bien mûrs accompagnés d'épices pour faire de la Pissetrounette un apéritif tout à fait convenable.
Le vin de Maulièvre est un vin assez dégueulasse, mais il est mélangé avec des fruits rouges et des épices ce qui permet d'en améliorer le goût.
Sur le côté du tonneau il est écrit "honni soit qui peu en boit".