[Archives] L'écurie

Sigismund piaffait d'impatience, comme toujours. "Fichu canasson", pensa très fort Kendor en évitant une ruade sournoise du destrier impérial.

"Bon, tu te calmes où je te colle une tarte ?"

Etrangement, l'animal se calma aussitôt, se contentant de trépigner pendant que le chevalier s'affairait à lui mettre son caparaçon.

Aelgar déboula dans l'écurie sur son destrier elfique au petit trot et démonta lestement. Puis, il mena sa monture dans un box et défit sa selle afin de l'accrocher au mur.

Lorsqu'il sortit du box, il vit Kendor et le salua d'une petite courbette élégante.

"Salutations matinales, maitre d'armes ! N'y a-t-il point de palefrenier ici pour soigner nos chevaux ?"

"Un palefrenier ? Mmm... Eh bien, en principe, j'imagine que l'un des sacs à vin à l'intérieur devrait s'en charger, mais aucun palefrenier n'accepterait de s'occuper de Sigismund. Il a... son caractère, disons."

Sur ce charitable euphémisme, le jeune homme esquiva avec nonchalence un sabot traîtreusement lancé vers sa figure. En ayant terminé avec ses préparatifs, Kendor détacha son destrier et le mena hors de l'écurie, avant de grimper sur sa selle.

"Si vous voulez bien m'excuser, Aelgar, j'ai à faire en ville... Au plaisir !"

Eperonnant le fier destrier mal luné, le chevalier partit au galop à travers le dédale des rues d'Altdorf.

L'elfe sourit lorsque le nommé Sigismund fit preuve de son impétueux caractère. Il fut heureux que son destrier à lui fût si sage et lui flatta l'encolure pour lui dire au revoir.

"Bonne journée à vous, messire Kendor! Au plaisir!"

Il salua le chevalier lorsque celui-ci quitta l'écurie et se dirigea en sifflotant vers la salle commune de l'auberge. On eût dit que l'elfe était sur son petit nuage, satisfait d'on ne savait quoi.

Dangorn revint aux écuries après cette journée pleine de rebondissements.

Il brossa Patapon, lui posa son harnois et son caparaçon et alla lui faire faire quelques tours de manège (hrp : c'est un enclos en cercle dans lequel on fait courir les chevaux, n'allez pas croire que c'est un manège où il faut attraper la queue du Mickey...).

Puis après une bonne demi-heure à tourner à différentes allures, il désharnacha son destrier, le doucha, le couvrit d'une séchante, lui donna à manger et à boire et referma son box. Il passa ensuite un coup d'éponge graissée sur les cuirs pour éviter que la sueur équine ne les abîme.

Ce travail accompli, il put rentrer à la taverne.

-GNIIIHIII !
-C'est ça, marre-toi, sac à viande, tant que t'es encore utile... tu vas voir ce qui va t'arriver quand tu seras une vieille carne clopinante...

Kendor, levé dès l'aube pour s'occuper de sa monture, tentait vainement d'essuyer son fond de culotte souillé de crottin, passablement agacé par son satané destrier. Sigismund, remuant la queue d'un air moqueur, fixait le jeune homme avec l'expression qu'aurait affichée un nain en lui présentant la facture pour une armure complète en Gromril, et le défiait d'approcher, piaffant fièrement au fond de son boxe.

Encore une journée qui débutait salement, pensait le chevalier en repartant à l'assaut, brosse en main, bravant une fois encore les sabots mutins de l'animal caractériel.

Enfin, cette fois au moins, il n'y avait pas eu d'elfe inconnue dans son lit... Et à la réflexion, il se demandait s'il y avait vraiment de quoi s'en réjouir.

Aenarya entra dans l'écurie un petit sourire sur les lèvres lorsqu'elle s'aperçut que Kendor était là et semblait en mauvaise posture avec son cheval.

Elle entra dans le box d'Aladryel en émettant un léger sifflement, le cheval lâcha aussitôt la touffe de foin qu'il machouillaît tranquillement et se dirigea vers sa cavalière .

"Bonjour ,toi...."

Le cheval appuya sa tête contre la poitrine de l'elfe et hénit doucement. Aenarya lui gratta le chanfrein et sortit du box pour rejoindre celui du cheval de Kendor.

"Bonjour lança l'elfe au jeune homme . Je peux vous aider ? "

Kendor la remercia d'un sourire mais secoua la tête.

"Ne vous en faites pas, j'ai l'habitude, avec lui... J'aurais dû me méfier quand on m'a proposé de le prendre, aucun palefrenier ne voulait l'approcher. Il a le caractère d'un orque, et il est aussi vicieux qu'un gobelin. Mais en dehors de ça, c'est une bonne monture."

Sigismund ne manqua pas de lancer un sabot assassin vers son maître pour ponctuer ces mots.

"Mouais, bon, en attendant, je vais aller à pied pour aujourd'hui, je crois... Meilleur pour la santé. Prenez soin de vous, Aenarya, et bon courage avec les fous."

Il se retourna juste avant de quitter l'écurie, un léger sourire taquin au coin des lèvres.

"Au fait, vous vous êtes trouvé une chambre à vous finalement ?"