[Archives] L'Arrière-Cour

La porte grinça quand Dangorn de Castagne l'ouvrit pour descendre dans l'arrière-cour.

Les mannequins en paille pourrie étaient toujours là, personne ne les avait entretenu, mais c'est aussi car personne ne les utilisait.

Dangorn mit un genou en terre, dégaina son épée en la tenant droite devant lui, et ses lèvres prononcèrent une prière silencieuse à la Dame du Lac.

Kaspar fit grincer la porte de l'arrière-cour et y pénétra. Il hocha la tête d'un signe d'approbation en voyant le chevalier prier sa Dame.

"Un homme pieux." se dit-il tout bas.

Il se dirigea vers un mur et redressa un des mannequins qui penchait inexorablement vers le sol. Puis il posa son marteau devant lui, les mains croisées sur sa poignée.

"Que Sigmar protège les deux hommes qui vont bientôt s'affronter. C'est un duel amical, pas de bavures, hein?..." fut sa courte prière au dieu impérial.

"Ne vous inquiète point mon père, le combat ne sera pas si rude."

Alberick s'approcha de Dangorn qui avait fini de prier et observa son épée. Puis cherchant alentour il s'approcha d'un tas de débris non loin des mannequins. Fourrageant à l'intérieur il en retira une vieille pelle dont il arracha le manche de bois, un manche a balais cassé en deux et un pied de chaise.

"Bien... Si vous l'avez remarqué messire je n'ai plus d'arme, d'ou le sujet de notre mission. Je vous demanderai messire pour cet entrainement de bien vouloir utiliser... ceci"

Il tendit le manche de pelle qui avait plus ou moins la même taille que la lourde épée du chevalier. Quand à lui il saisit le morceau de manche à balais dans sa main droite comme s'il tenait une rapière et le pied de chaise dans sa main gauche simulait une torche.

"Si cela vous convient Messire de Castagne... nous pouvons commencer l'entrainement"

Dangorn rengaina son arme lourde et soupesa le manche de pelle.

"Il est beaucoup plus léger qu'Hexflamme, mais je m'en accomoderai."

Le chevalier fut surpris de constater que le faible poids de cette arme en bois avait certains avantages : bien que la différence d'inertie ne lui permettait pas de frapper et de parer avec autant de force que son épée, son maniement était des plus rapides et aisés, il pouvait mettre à profit son agilité et sa vitesse. L'absence de garde en revanche l'inquiétait un peu en ce qui concernait le risque non négligeable d'une douloureuse parade sur les phalanges, ses gants en cuir étant plus souples et moins solides que des moufles de mailles ou de plaques.

Quand Alberick fut prêt, les deux adversaires se saluèrent, puis Dangorn choisit d'attaquer le premier, d'un estoc visant le poitrail du répurgateur. Celui-ci se servit de sa "torche" pour dévier le coup et frappa vers le flanc du bretonnien avec sa "rapière". Mais Dangorn avait fait tourner son poignet en prévision de cette attaque, et les deux bâtons s'entrechoquèrent au niveau de la taille.

"Avec une épée à deux mains je n'aurai jamais pu faire ça assez rapidement !" s'amusa le chevalier.

Se souvenant des leçons de son maître (plutôt douloureuses dans son souvenir) il essayait d'augmenter sa vitesse en utilisant des feintes.

Tenant le chevalier à distance avec sa fausse torche il esquissait des attaques avec son bâton au niveau des cuisses de son adversaire. La ruse fonctionna et Dangorn para dans le vide, réitérant son attaque mais en direction du menton Alberick effleura son casque mais le chevalier avait de prompt réflexes! Et d'un mouvement leste il dégagea l'arme de son adversaire.

Les deux mercenaires se retrouvèrent face à face en position de combat à un mettre et demi de distance, leurs yeux ne se quittaient pas.

Accoudé dans un coin l'elfe regardait le combat d'entrainement des deux mercenaires et murmura:

" Pas mal pour des humains ..."

Ses yeux fixant ceux d'Alberick, un peu essouflé par la rapidité des enchaînements précédents et le poids de son armure, Dangorn parla en haletant sous son heaume :

"On a... oublié de définir les règles... hff... Je propose : pas de coups au visage... étant donné... hff... que vous n'avez point de casque."

"Ne vous inquiétez pas pour moi chevalier, le poids de votre armure vous handicape autant que mon manque de protection. Si je prends un coup je n'aurais qu'a m'en prendre à moi même, ainsi parlait mon maître!"

Virevoltant sur lui même Alberick envoya un coup de sa rapière de fortune. Un tel retourné dans un combat réel avec une véritable épée aurait été parfait pour décapité un adversaire. Mais bien sur l'essoufflement momentané du chevalier n'avait pas émoussé son instinct. Relevant immédiatement son épée il para le coup.

Les deux opposants croisaient maintenant le fer en étant tellement proche que chacun sentait le souffle de l'autre.

Dalrik' qui était sorti dans l'arrière cour durant le combat ne pouvait que constaté le rétablissement d'Alberick.

Enfin le fruit de temps année d'errance à travers le vieux monde avait porté ses fruits.

Le jeune répurgateur se débrouillé d'ailleurs plutôt bien, ne lui manquait plus qu'une nouvelle épée qui viendrait mettre fin au vieux démon et marquerai le début de sa nouvelle vie

Dalrik' plongea la main dans sa sacoche afin de vérifié que les restes du gants de son compagnon étaient toujours là, il avait des projets pour ses bouts de métaux...

Mais l'heure était au combat, ainsi, il s'extirpa de ses pensée et se concentra sur la joute qui se déroulait devant lui

L'elfe était également sortit pour assister au combat et se tenait à présent les bras croisés et les sourcils froncés dans une attitude désapprobatrice.

- Ils ont la grâce d'ogres ivres s'échinant à danser la carole.
L'un en a le poids avec son armure, d'ailleurs. On ne peux pas se battre avec ça !

Le regard de l'elfe s'attarda sur les "armes" des combattants et un rictus dédaigneux s'afficha sur son visage.

- Bon, je ne vais pas faire de commentaires sur le reste de l'équipement...

Le prêtre sourit à la remarque de l'elfe qui se tenait près de lui. Il appréciait le combat, car il n'était pas habituel de voir en combat un chevalier de la quête.

"Ces p'tits gars s'en sortent pas trop mal. On boira une bonne bière à l'issue de ce combat, ils le méritent !"

Kaspar rit profondément et encouragea les valeureux combattants.

- On fait avec ce qu'on a sous la main dit Dalrik' en se tournant vers Alana

He bien messire? Vous n'êtes tout de même pas déjà fatigué? Railla Alberick.

Le principal problème n'était pas l'endurance ou la vitesse d'Alberick mais son manque de force. En effet son bras était lourdement affaiblit et même s'il parvenait à toucher son adversaire, celui-ci n'aurait guère senti qu'une vulgaire tocade.

Il provoquait le chevalier pour que lui aussi soit obliger de parer et ainsi voir à quel point sa force avait diminué. Sous l'influence de sa malédiction il aurait pu bloquer le marteau d'un nain bien entrainé, mais maintenant?

"Une guerre ne se gagne pas à la touche, elle se paye en sang, en os, en tripes et en tendons c'est la seule monnaie qu'elle accepte. Apprends à connaitre tes limites ou tu en payera le prix!" Ainsi lui parlait son maître, il appliquait maintenant sa doctrine.

"Fatigué, moi ? Hhhhpffffeuuuh ! N'importe quoi !" rétorqua Dangorn en faisant décrire à son "épée" un puissant arc circulaire à hauteur d'épaule. Alberick esquiva de justesse, un instant plus tard et sa clavicule aurait sûrement éclaté sous l'impact.

Le bretonnien libéra sa main gauche et d'un rapide mouvement de son poignet, fit pivoter le manche de pelle dans sa main droite pour parer le pied de chaise qui lui visait les côtes.

Reprenant l'extrémité de son arme avec ses deux mains, il donna un furieux coup vers l'abdomen d'Alberick, néanmoins dans le but de lui couper le souffle sans pour autant l'empaler, il s'agissait seulement de faire taire ses provocations.

"S'adapter et contre attaquer" une autre leçon, soufflant tout l'air qu'il avait dans ses poumons et se courbant avec rapidité, Alberick appliqua la régle du "Dur contre le mou" et esquiva/absorba 75% du coup envoyer par le chevalier tout en donnant l'illusion d'optique de l'avoir reçu.

Seul l'expérience du chevalier lui fit comprendre que le coup n'avait presque pas porté.

Mais cette la contre attaque fut prompte d'un coup de talon Alberick se dégagea immédiatement.

A la seconde impulsion il leva la jambe et abatis son talon sur le manche de pioche et en plaqua la pointe sur le sol avec son pied.

La manœuvre surprit le chevalier qui tenait pourtant toujours fermement le manche. En redressant les yeux il vit le bout du manche a balais du repurgateur désigner avec insistance sa pomme d'adam.

Après un long silence Alberick pris la parole :

"S'il avait s'agit de votre épée, Sir chevalier, je serai probablement en train d'essayer d'empêcher mes tripes de redécorer la cour... Vous avez gagné"

Retirant son pied du manche de pioche il fit une révérence respectueuse à l'attention de Dangorn.

"En l'occurrence, messire Alberick, je ne suis pas d'accord avec vous." fit Dangorn en se frottant le cou là où le bâton d'Alberick l'avait tapoté.

"Ce n'est point l'arme qui fait le guerrier. Imaginez qu'un ennemi m'ait désarmé et qu'en cherchant autour de moi je ne trouve pour défendre ma vie qu'un simple bâton... Si cet ennemi était de votre niveau je serais mort. Cet exercice était justement très intéressant dans cette optique, un bon combattant doit être en mesure de transformer en arme mortelle tout ce qu'il a sous la main."

Il retira son heaume et l'attacha à sa ceinture. Puis il alla reprendre Hexflamme et la mettre dans son fourreau. Il s'attarda un instant en faisant cela, car il se rappelait que cet espadon, trouvé au fin fond de la caverne d'un Wyrm de Feu, lui avait déjà maintes fois sauvé la vie. Et parfois, certaines choses l'amenaient à penser que ça n'était peut-être pas seulement dû à sa maîtrise de l'escrime... La Dame lui accordait-elle sa sainte Bénédiction quand il se battait contre ses ennemis ? Ou y avait-il une antique magie qui vibrait dans sa lame de cinq pieds ?

Jadis, un elfe de passage au Squig Boiteux avait proposé de l'identifier pour quelques piécettes, et lui avait fait croire qu'elle immunisait son porteur aux brûlures. Pour vérifier, Dangorn avait approché sa main du feu en touchant le pommeau, et avait constaté que c'était vrai. Mais le lendemain, quand l'elfe fut parti, il avait de nouveau tenté l'expérience et n'avait réussi qu'à se brûler les doigts. L'elfe était probablement un sorcier et avait usé de sa magie pour le tromper et empocher ses sous.

Il était plus sage de se dire que le stress d'une véritable bataille le rendait plus attentif, plus réactif en combat réel que dans un simple entraînement.

Le combat était terminé, les deux hommes avaient fait preuve de combattivité et semblaient de bons guerriers. Kaspar avait apprécié le spectacle, il s'était déroulé avec courtoisie. Cependant, un champ de bataille avait toute autre allure, ça ne se passait pas souvent ainsi. Surtout contre les forces chaotiques...

"Si on allait se rafraichir le gosier maintenant ? Allons réveiller le tavernier, bon sang de bois !"

Et Kaspar retourna dans la salle commune afin d'y déguster une bonne bière bien fraiche.

Dalrik' s"assura d'un coup d'œil rapide que son compagnon été toujours en bonne forme et entra à nouveau dans la salle commune afin de s'y désaltéré

J'ai apprécier notre joute messire. Allons boire avec nos compagnons, nous devrons probablement partir vers Ulthuan bientôt (une fois que notre ami elfe aura terminer les préparatifs) et je ne suis pas sur que le voyage sera une promenade de santé.

Autant profiter de ce petit répit.

Dangorn accepta l'invitation et rentra dans l'auberge.

"Faudra quand même un jour penser à les remplacer, ces mannequins de paille."

Dangorn se releva et fit face à Lauter, le prêtre-guerrier qui jadis l'avait sauvé des griffes des hommes-bêtes alors qu'il venait de traverser les montagnes et d'arriver dans le Reikland.

"Mon vieux frère d'armes, cela fait longtemps que nous ne nous étions point entraînés ensemble."

Avec son pied le chevalier bretonnien fit décoller la pointe de sa lame, ses bras prenant le relais pour la lever à hauteur d'épaule, et il se mit en garde.

- Oui, cela fait longtemps en effet. Je vais voir si je te connais encore un peu.

Lauter saisit son marteau à deux mains et se mis en position pour frapper. Il s'élança sur le chevalier bretonnien en courant et en criant. Il fit s'abattre Erlöser sur le chevalier qui para le coup de son épée tout en effectuant un petit saut en arrière. Il répliqua par un coup de taille que Lauter arrêta in extremis. Il recula de deux pas.

- Ca va être intéressant, dit le prêtre-guerrier en se remettant en garde.

Lauter était aussi rapide avec son marteau que Dangorn l'était avec sa lourde épée, et chaque coup était facilement paré. Il allait falloir adopter une autre méthode. Pour détourner l'attention du prêtre-guerrier, Dangorn utilisa sa subtile ruse :

"Oh ! Regarde derrière toi il y a Sigmar !"