Au Squig Boiteux, la Salle Commune

Angestag, den 32. Pflugzeit.

La craie crissa légèrement lorsque Tave l'appuya sur le tableau noir pour noter la date et le menu du jour.

Le son, bien que très bref, fut insupportable aux oreilles de Kirstyn, qui était profondément endormie affalée sur sa table, la tête reposant confortablement sur une flaque de son propre vomi. Sa tête lui faisait atrocement mal, tous ses sens étaient engourdis, et ses tympans vibraient comme si des bourdons s'étaient logés dans ses oreilles.

La prêtresse-guerrière n'avait aucun souvenir de la soirée après avoir vidé d'un trait sa chope pleine d'akvavit, à part des bribes, des images floues. Mais le plus gênant, elle était incapable de se souvenir si elle n'avait fait que boire avant de s'effrondrer, ou si elle avait braillé des chansons paillardes ou encore si elle avait dansé nue sur le comptoir... De toute façon, il était clair que personne n'aurait osé la toucher après la spectaculaire apparition de son dieu.

Une vision lui revint en mémoire, comme surgie d'un rêve. Celle d'une silhouette furtive et floue, un grand puma ailé bondissant sur le barbare blond fantômatique au moment précis où celui-ci disparaissait. Sans doute était-ce la faute de l'alcool.

Wisphill descendit de sa chambre vêtue seulement du bas de sa robe de prêtre, laissant exposé son corps au yeux et sus de tous. Malgré les contusions et les hématomes il se sentait mieux, il avait bien dormi malgré le vacarme de la veille. Marchant sur la prêtresse pour éviter de tremper ses pieds dans le vomis de cette dernière. Il s'asseya au comptoir et héla Tave.

-Un thé s'il te plaît.

Tave grommela :
"Un thé avec ou sans rhum dedans ? Hé, c'est quoi cette tenue ? Un peu de décence mon vieux, z'êtes censé être un curé quand même, j'vous l'rappelle au cas où. Enfin moi je sais pas ce que vous avez fait comme voeux et autres serments, hein, d'ailleurs j'm'en cogne, mais bon en tout cas Dietfried il m'a l'air plus digne."

Le serveur halfeling mit à bouillir de l'eau dans une théière suspendue au-dessus du feu. Sans cesser de ronchonner, il prit un ton ironique.

"Finalement l'église sigmarite ça a l'air assez laxiste comme religion... Entre les uns qui dorment sans pyjama et qui se balladent torse à poil le matin et les unes qui se prennent des cuites à l'eau-de-vie et qui gerbent partout, ça doit être assez festif comme ambiance dans vos temples."

Un bruit strident me réveilla...ma tête résonnait comme un carillon...

Un homme à moitié nu monta sur ma table et failli me marcher dessus, évitant de mettre ses pieds dans ce que mon estomac avait rejeté...

- Hum...la magie de Sigmar et l'Akvavit ne me réussissent pas, pensais-je alors qu'un nain descendu de l'étage faisait un détour pour aller au comptoir...

Je me levai et allai vers le comptoir.

- Bonjour à tous, Tave, pourrais-tu me dire où je peux trouver de quoi nettoyer...çà ? fis-je en lui montrant la table où j'avais vomi, d'un air désolée.

Nadrong Kreikansson remonta depuis la cave par la trappe derrière le comptoir qui cachait un escalier. Il avait l'air fatigué, mais ravi. Tout le contraire de Tave qui semblait toujours en forme pour grommeler.

"Bonjour tout le monde !" lança le brasseur nain. "Laisse, Tave, je m'en occupe."

"Oui ma sœur ? Ah, d'accord. Vous pourrez trouver une serpillère et un seau d'eau dans le placard sous l'escalier qui mène aux chambres. J'avais dit à Tave que c'était pas sérieux, il avait compris une chope pleine d'akvavit. A moins que ce soit moi qui ait mal compris... Enfin bref, la prochaine fois précisez 'un petit verre' si vous voulez pas une si grosse portion. Quoique je sais pas si j'en ai, ici on est plutôt habitué aux grosses pintes de bière, alors c'est pas sûr. Faudra qu'j'y jette un œil un de ces jours. Le vieil Urvan m'en a peut-être laissé."

Puis Nadrong se tourna vers Khroryn.

"Du café ? Ben t'as des goûts de luxe, toi ! Faut l'ramener de Lustrie le café, et c'est pas une mince affaire ! Il doit m'en rester un sachet mais je te préviens c'est rare, donc ça vaut de l'or (de maison du café).

Alors si je compte le café plus la bière... ça te fait deux sous de cuivre pour la bière, et trois couronnes d'or pour le café. Je sais c'est cher, mais des aventuriers sont morts pour extraire ces graines de la jungle infestée de monstres et de maladies. En plus je fais pas crédit, faudra payer tout d'un coup parce que rien ne m'assure que tu vas pas te tirer sans revenir.

Pour la chambre une simple nuit ça fait cinq sous. Si tu prends le forfait à l'année c'est une couronne et deux pistoles, payables en mensualités. Si tu comptes rester un moment je te conseille le forfait c'est bien plus intéressant."

Arrivée en bas des escaliers, l'elfe jeta un regard circulaire autour d'elle dans lequel on pouvais lire de la peine.

"Mais c'est de pire en pire ici... depuis que le vieux Forgefeu est partit on ne la reconnais plus cette taverne."

Atterrée, Alana s'en alla gagner une table pour aller s'y asseoir.

"On avais déjà les porcs et bien bientôt on aura la fange et tous le reste." Critiqua encore la mercenaire en plissant le nez devant l'odeur du vomi. "Sans compter l'autre qui se croit chez mamie..." D'une main l'elfe désigna le prêtre se baladant en pagne tout à son aise.

Se retournant vers nadrong, elle lui lança un regard noir.

"Urvan savait comment gérer une taverne, lui."

Wisphill ignora la remarque de l'halfing, soudain lorsque la porte s'ouvrit et qu'il vit Alana entré, il s'apercut quelque années auparavant, cette frâicheur, cette pureté que dégage les elfes lui était à nouveau familière. Et puis cette elfe ressemblait un peu à celle qu'il avait connus autre fois. Il eu un léger sourire en la regardant, puis se repencha à nouveau sur son thé.

Kendor descendit tranquillement, vêtu de son armure soigneusement nettoyée, la cape impeccablement fixée et dépourvue du moindre faux pli, sa flamberge au fourreau fixé dans le dos. Un coup d'oeil sur l'état de la salle l'informa que certains avaient -encore- abusé du service. D'un haussement d'épaules, le chevalier signala son désintérêt et traversa la pièce à grands pas, lançant un vague salut de la main à Tave et aux mercenaires avec un sourire amical. Passant à côté de la table d'Alana, il lui tapota la tête du bout des doigts, d'un geste taquin et affectueux, sans s'arrêter.

-Salut tout le monde, je reviens tard dans la soirée. Alana, tu devrais arrêter de faire la tête, tu vas abîmer ton joli nez à force de le plisser sans cesse. Allez, à plus tard.

Sans attendre la moindre réponse, le coup de vent s'éclipsa dans la rue, comme chaque jour depuis quelques temps, visiblement absorbé par quelque mystérieuse occupation.

Nadrong haussa les épaules.
"Et tu veux que je fasse quoi, Alana ? Dire aux clochards qui se prennent pour des prêtres qu'ils doivent crêcher dehors alors qu'ils ont déjà payé ? C'est pas mon genre, chuis un nain honnête moi mad'moiselle. Ah mais c'est sûr, c'est pas un concept qu'on doit connaître chez vous autres, les traîtres aux oreilles pointues... la guerre de la Barbe, c'était votre faute."

Tout en parlant, Nadrong préparait le café et la bière de Khroryn.

"Tiens, cadeau de la maison pour cette fois, parce que t'es un nain et que tu m'es sympathique." lui dit-il en refusant ses pièces d'or.

La théière siffla.

"Tave !" cria le brasseur, excédé.

Plusieurs personnes étaient entrées pendant mon nettoyage, certains étaient sortis...

- Voilà, c'est propre.

J'allai vider le seau dehors, le remplis d'eau propre au puits, j'en profitai pour me débarbouiller, puis allai remettre le matériel en place là où je l'avait trouvé, sous l'escalier.
Je me dirigeai vers le bar et m'assis sur un tabouret.

- Pourrais-je avoir une tasse, heu...du genre pour boire un thé...je veux dire pas une pinte ni un abreuvoir... avec de l'eau très chaude ? Je vais me faire une infusion, dis-je tout en cherchant dans mon sac.

- Ha, voilà, je savais bien qu'il m'en restait ! Je sortis un petit sachet avec des herbes séchées, et l'ouvrit, une odeur de menthe se répandit.

- Il faudra aussi que vous me disiez combien je vous dois pour mes consommations, et...le mal que je vous ai donné, dis-je à l'aubergiste.

"Oui j'arrive c'est bon y'a pas l'feu... Enfin sauf sous la théière."

Tave retira le récipient brûlant de l'âtre et versa l'eau bouillante dans deux mugs en terre cuite, qu'il posa sur le comptoir, l'un devant Kirstyn, l'autre dans laquelle il ajouta des feuilles de thé, devant Wisphill.

"Mein Vater et meine Schwester sont servis."

-Merci Tave dit Wisphill

Il regarda la prêtresse à ses côtés, un sourire se dessina sur son visage et il pointant du doigt la joue de la religieuse il dit

-Je crois qu'il vous en reste, jeune vierge effarouchées

Nadrong prit les archives du carnet de commandes pour calculer l'addition, et déglutit. Il semblait un peu gêné.

"Vous ne me devez rien, ma soeur... hem... d'après ce que je vois dans les comptes Tave a déjà... prélevé le montant de la note dans votre bourse pendant votre sommeil, en faisant attention de ne pas vous réveiller pour cette simple futilité... héhéhé..."

Je regardai l'homme avec un sourire, Oui, j'en ai gardé un peu au cas où j'aurais une petite faim dans la journée...vous en voulez ? Ce serait dommage de ne pas en profiter tant qu'il en reste...

J'avalai mon infusion, pris mon sac, mon manteau et mon marteau, puis me levai, Bien, alors si tout est déjà...payé...au plaisir de vous revoir, dis-je en me dirigeant vers la sortie.

Alberick entra dans l'auberge au moment ou Kirstyn se levait, il sourit à la prêtresse avec un air las, puis jetant un coup d'œil à son filleul à moiter à poil il se contenta d'un salut désabusé de la main.

Se dirigeant vers sa table prêt du feu, l'air fatigué, il se laissa tomber sur sa chaise puis après un long soupir, il dit :

"Bonjour messire Nadrong... J'ai patrouiller toute la nuit dans les rues d'Altdorf pour essayer d'en faire une ville plus sure mais cela n'est pas encore suffisant apparemment, pourriez vous me servir quelque chose à manger et un chope d'eau chaude, un ami m'a donner des herbes revigorantes pour m'aider à continuer mon travail..."

Une forme capuchonnée et enroulée d'une cape noire se projeta sur le corps de Vadhino qui gisait sur les pavés. L'être tourna rapidement sa tête vers la Taverne et claqua de la mâchoire.

Helmut La Gencive ricana, et déplia ses bras multi-articulés afin de soulever le Prophète. Le mutant s'y prit avec délicatesse, et avança vers la porte de la Taverne. Il saisit une bourse de cuir usé avec sa mâchoire de skaven, la fit tournoyer et la jeta dans la salle commune.

*clac*

Helmut ricana à nouveau, enroba le Prophète et Palmito de sa cape, et disparu dans un nuage de fumée.

Nadrong répondit à Alberick mais fut interrompu par la chute de la bourse jetée par La Gencive avant que ce dernier ne disparaisse.

"Mais bien sûr Alber... par Grimnir, qu'est-ce donc que ceci ?"

"Tave, pourriez vous me préparez quelques pièces de viandes salées, deux gourdes d'eau, du pain, et si vous pouviez me trouver un cheval, vous serez gentils. Prenez le sur mon acompte, et préparez la monnaie s'il vous plaît. "

Wisphill monta jusqu'à sa chambre, se rhabilla, décacheta une lettre soigneusement pliée dans son livre de prières.

"Si loin ? maudit soit ce bougre de nain...."

Il empaqueta ses affaires, et redescendit, il prit sa tasse de thé et se place contre la fenêtre pour ressentir la fraicheur du matin, attendant que Tave finisse se qu'il lui avait demandé.

"Un cheval ? Où est-ce qu'il veut que je lui trouve un cheval, c'est pas un relais ici. S'il est v'nu avec son cheval il le reprendra et puis c'est tout. Bon, qu'est-ce qu'il m'a dit d'autre ? De la viande, de l'eau du pain. J'dois pouvoir trouver ça dans la cuisine."

Le halfeling se rendit à la cuisine, retira du saloir un gros jambon, en coupa quelques morceaux et les emballa dans un linge. Le pain de la veille était un peu sec, mais encore convenable en attendant qu'il ait le temps de se rendre à la Bäckerei.

Ne disposant pas de gourdes sur lui, Tave alla "emprunter" deux outres d'eau dans les affaires de Nadrong, dont le brasseur se servait habituellement pour faire sa bière.

Puis il retourna dans la salle commune avec le tout et cria vers les escaliers "les provisions de Herr Cain sont prêtes !"

Je poussai la porte, il n'y avait pas grand monde.

- Bien le bonjour tout le monde, lançai-je à la cantonade. Tave ? Peux-tu me servir une bière et demander au patron de venir me voir, j'ai quelque chose pour lui, dis-je en m'installant à une table inoccupée près de la fenêtre.

Je sortis le petit paquet et mon courrier, que je commençai à lire, en attendant qu'il me rejoigne.
La première lettre était pour un rendez-vous galant, une famille en relation avec ma tante, je la lus en diagonale et la rangeai, je verrai plus tard.

Dwimbar observait avec attention les mécanismes de son arquebuse. Il songeait aux moyens d'améliorer la mise à feu de l'arme en affûtant le rouet tournant vers l'éméchoir. Il se disait aussi qu'une platine en sermandor éviterait tout problème de "long feu" au vu de sa stabilité et de sa résistance à l'humidité. Kirstyn entra dans la taverne et se posa à une table. L'ingénieur laissa ses questionnements en suspens et observa longuement la prêtresse-guerrière. Il finit par se rendre à sa table et lui proposa un petit remontant.

- "Quel bon vent vous ramène ? ma chère demoiselle ? J'ai cru pendant un court moment que vous ne reviendriez pas après ce qui s'était passé ici. Cela pourrait en faire fuire plus d'un, c'est certain. Je suppose que votre retour est sans doute motivé par quelque chose en particulier ?".

Il se saisit de deux gobelets propres et vides que Tave emmenait sur un plateau vers une autre table et versa un peu de liqueur de feu dedans. Le remontant - contenu précieusement dans un magnifique tonnelet enchevêtré dans la barbe de Dwimbar - avait des reflets bleutés.


-" A votre bonne santé alors et à vos nouvelles bottes" lança le nain avec un sourire. "Et ceux de cette belle salle qui désirent goûter sont cordialement invités !"

Tave alla voir Nadrong, et quelques secondes plus tard ce dernier arriva à la table de Kirstyn et Dwimbar avec la bière que la sœur avait commandée.

"Bonjour, Schwester Kirstyn... Par ma barbe, vous avez de bien belles bottes. Z'avez quelque chose pour moi à c'qui paraît ? C'est bien l'patron de l'auberge que vous avez d'mandé ?"

- Merci, Dwimbar, comme on dit chez nous, c'est le vent du Nord qui m'amène ! Et merci pour l'offre, ne le prenez pas mal mais je vais rester sur une bière ce soir...d'ailleurs, je la vois qui arrive.

- Merci pour les bottes, c'est un cadeau de ma tante...la couleur n'est pas vraiment celle que j'aurais choisie...mais les bottes sont neuves et de qualité...

Sur l'entrefait, Nadrong arriva et posa ma bière sur la table.

- Ha merci, oui, c'est bien vous que je voulais voir. Je voulais vous offrir ceci, dis-je en lui tendant le petit paquet avec un sourire.