Au Squig Boiteux, la Salle Commune

Nadrong, fier comme un paon suite aux compliments de Khergar, lui donna une autre chope et s'en remplit une pour lui-même.

"A la santé de Thorgrim ! Enchanté d't'avoir rencontré Khergar, moi c'est Nadrong, fils de Kreikan dit 'Couilles-de-Bois'."

A l’exception d’un léger tremblement nerveux de la paupière gauche, le répurgateur ne se départit pas un seul instant de son attitude aimable et souriante.
Il écrivait de plus en plus vite et en faisant des de brusques gestes de la main.
C’est un regard complice qu’il leva vers son interlocutrice.

- Oui, je comprend que vous ne souhaitiez pas vous étendre sur ces sujets. Mais puisque vous abordez votre arrivée au collège flamboyant nous allons passer à cet élément si vous le voulez bien.

Il changea de page avant de poursuivre.

- Votre scolarité s’est elle bien déroulée ? Les rituels religieux du collège vous ont-ils intéressé ? Votre apprentissage du maniement des énergies du chaos ne vous a pas trop affecté ? A quelle période les premières mutations sont elles apparues ? Pouvez vous me donner les noms de vos enseignants et leur organigramme ?

Chaque question était ponctuée par des inscriptions dans le carnet.

elvyra fronça légèrement les sourcils, comme pour réfléchir à ces mots...

- écouter, j'ai maitrise le feu a l'age de 10 ans lorsque j'ai ...

hésita longtemps sur le terme à choisir

- purifier mes parents par le feu , le chaos les avait fortement contaminés et tout c'est déclenché a mon insu. Ma scolarité ... une blague , les cours ne m'intéressaientt pas , le service religieux non plus ...

elvyra but une nouvelle gorgée de son thé

- la seul chose que je souhaite?

- purifier ce monde

- ma méthode le feu ... c'est ce qui m'a sauver la vie il y a quelque années, et j'ai appris a vivre avec . Je ne suis pas la meilleure , je ne le serais surement jamais mais je fais de mon mieux !

son regard c'était durci et son sourire avait disparu une ferme résolution brillait dans ces jolis yeux vert.

Le visage du répurgateur prit un air grave lorsque Elvyra prononça ces dernières paroles.

- Oui, je comprends que vous ne souhaitiez pas vous étendre sur certains aspects de vos activités.

Mais son sourire empreint de douceur réapparut presque aussitôt.

- Bien. Nous en avons presque terminé avec cet interrogatoire superficiel. Une simple question logistique maintenant. Oui, la logistique est un élément essentiel dans le fonctionnement d’une compagnie militaire. Vous n’imaginez même pas les difficultés que peuvent causer les transports de salade pour les combattants elfes.

Il s’esclaffa avec fatuité avant de reprendre.

- Je plaisante naturellement. Vous connaissez d’ailleurs Alana et n’ignorez pas qu’elle est parfaitement capable de cueillir ou de cultiver elle-même les produits qu’elle ingère.

Il poursuivit en recommençant à écrire avant même d’avoir prononcé sa question.

- Donc, d’un point de vue logistique. Lorsque vous mangez des enfants, ceux-ci doivent ils être vivants ou morts ? Mangez vous de la chair d’enfants salée ? Vos contraintes de transport ou d’abattage sont elles liées à des rituels, des tortures ou des cérémonies qui impliquent des horaires, intervenants ou matériels spécifiques ? Je vous en prie soyez précise, ce domaine ne souffre pas d’approximation.

Il adressa un sourire complice à son interlocutrice en attendant sa réponse.

Elvyra se retient d'éclater de rire et essai de garder son sérieux.

-Humm vous faites bien de poser la question ! c'est très important si je veux garder la ligne ! tout d'abord les enfants doivent être vivants, bien entendu pour que la chair soit bien ferme ! et puis quel délice de les entendre crier a la première flamme allumée.

avec un sourire complice elle poursuivit.

- Voyez vous petrus tout es dans la cuisson ! fait que se soit grillé dessus et fondant dedans je vous apprendrais rien sur la difficulté de faire un bon bucher alors moi je les grillent sur le vif c'est plus efficace et plus rapide aussi !

à la limite de l'éclat de rire elvyra laissa petrus poursuivre.

Alors qu’il terminait de noter, un sourire rayonnant éclaira son visage.

- Nous avons un point de vue différent à ce sujet, ce qui est bien normal puisque nous ne manions pas les mêmes outils. Je dois dire que je préfère le bûcher réglementaire à l’ancienne et ce pour une raison très simple : il permet d’assurer une agonie longue et douloureuse pour la cible de l’épuration. Ce qui est une condition requise pour que la purification soit efficace. Et ne plus ça fait plaisir.

Il reposa à plat son carnet sur la table. Celui-ci était constellé de lignes écrites dans tous les sens, de rangées de points d’exclamation, de ratures, de cercles et même de quelques têtes de mort.

- Je pense que j’ai réuni suffisamment d’éléments au cours de ce premier interrogatoire, nous allons pouvoir arrêter là pour aujourd’hui. Ce fut un véritable plaisir de travailler avec vous et j’espère que nous pourrons poursuivre cette activité d’une manière un peu plus … poussée … et avec des accessoires …

Ponctuant sa phrase d’un clin d’œil d’une lubricité éhontée, il ramassa ses carnets avant de se diriger vers la table du fond, sur laquelle se trouvait un écritoire.

Il en sortit plusieurs parchemins, un minuscule flacon d’encre et se mit à l’ouvrage après avoir taillé soigneusement une plume.

Plusieurs heures durant, il sua en pointant sa langue entre ses lèvres, rédigeant son rapport en 5 exemplaires plus les annexes d’une écriture lente et appliquée.

Le dernier coup de buvard donné, il replia les feuillets en forme d’enveloppe, les marqua chacun à leur nom et monta à l’étage pour les distribuer.

Puis il sortit, fier du devoir accompli, les doigts et l’extrémité du nez tachés d’encre, vers une mystérieuse destination en direction du soleil couchant.

-Non de Sigmar!

Alberick poussa la porte du Squig boiteux avec ses hanches, les bras occupé par une caisse apparemment pesante.

La posant lourdement sur sa table habituelle au coin du feu, il poussa un soupir de soulagement tout en massant ses reins endoloris.

Puis il tourna la tête vers le comptoir cherchant Nadrong ou Tave, alors tout en fixant sa caisse il lança a la cantonade.

- C'est encore possible d'avoir une bière ici? Et si quelqu'un voit le capitaine Dietfried dans le coin dites lui que je fais un passage à Altdorf avant de repartir nettoyer le Talabec des la corruption, s'il veux que je prenne un bleu avec moi pour le former c'est le moment !

Puis il s'installa sur une chaise en en commençant l'inventaire de sa caisse en bois, elle contenait un bric a brac invraisemblable.

Le sommet d'un casque à cornes s'agita derrière le comptoir, puis Nadrong monta sur un piédestal pour pouvoir regarder les clients.

"Et une bière bien fraîche ! Quoi d'neuf, Alberick ? Ca f'sions longtemps qu'on t'avions pas vu !"

-ho bien des chose mon ami...

Alberick continuait de fouiller dans sa caisse et en sorti déjà des petits coffrets en bois de la taille du poing.

- J'ai aider les elfes autant que j'ai pu jusqu'à la frontière de Saphery...

Il posa ensuite sur la table un sac de cuir remplis de petits fragment multicolores gros comme des dès.

- J'ai servi l'empire du mieux que j'ai pu jusqu'au bivouac aux confins du Reikland et partant de la Norska...

Il finit enfin par déposer une boite en bois remplie de poussière doré et un bocal de verre épais ou de tout petite pierres semblaient irradié une lumière violacé en faisant plus ou moins de bruit, allant du simple chuchotement au bourdonnement sourd.

-Je pars sous peu pour endiguer la nué de peaux vertes au mont Ekrund et j'essayerai de remonter jusqu'au col du feu noir...

La caisse était encore bourré de babiole en tout genre plus ou moins ragoutantes.
Il saisit un fragment au hasard qu'il plaça dans un coffret en bois, il y mit un peu de poussière d'or, une babiole ressemblant a une croix de Sigmar en argent et une de ces petite sphère lumineuse qui émettait un bruit d'abeille énervé.
Fermant promptement la boite pour que rien ne s'échappe, il la secoua légèrement et la reposa sur la table. Quelques minces rai de lumière s'échappèrent de cette dernière pendant les 3 ou 4 seconde ou elle vibra sur la table.
Quand elle cessa le couvercle sauta automatiquement pour laisser s'échapper un petit volute de fumée dans un bruit assez ridicule (une sorte "Pchouit" ressemblant vaguement a une flatulence de rat).

L'interieur de la boite était brulé et manifestement inutilisable.

Alberick en retira une petite pierre terne d'une drôle de couleur.

-mmm... Encore raté semble t-il... Nadrong, fait moi faire à manger tant que tu y est je crois que j'ai du travail pour la nuit là...

- Bien sûr, je te fais ça tout de suite répondit Nadrong en partant dans la cuisine.

Quelques minutes après il revint avec la nouvelle trouvaille de Yadaraf : le porc farci au squig et à la bière.

- Tiens, voilà le plat du jour.

Une frêle silhouette se présenta à la porte de la taverne. C'était une elfe, et d'après la robe ornementée et qu'elle portait et la bâton qu'elle tenait à la main seul une personne culturellement handicapée n'aurait pas su qu'une archimage venait d'entrer dans la taverne.
Après quelques pas dans la taverne pour s'installer à une table libre, le visage de l'elfe afficha une expression de dégout comme si l'air ambiant du lieu lui maltraitait les sens. L'archimage posa son bâton contre le mur proche et s'assit à une table sans un mot, le dos droit, les mains posées sur ses genoux. Semblant s'habituer à l'ambiance de la taverne l'expression du visage de l'elfe s'effaça et un air hautain prit sa place.

Peu de temps après un autre elfe franchi la porte. C'était Delthaen, son épée dans une main, son casque dans l'autre et l'air passablement fatigué.

"Salut la compagnie !"

Lança t-il à l'assemblée

Il balaya la salle du regard pour voir qui était présent et s'attarda sur la nouvelle venue, l'air interloqué.

"Non ... Tyella ? C'est toi ?"

Demanda t-il d'un air enjoué.

La jeune elfe tourna la tête vers la porte d'entrée et adressa au maitre des épées comme seule réponse un regard des plus noirs.
Delthaen alla alors s'installer à la table de l'archimage, posant casque et épée sur la table.

" Ca me fait plaisir de te revoir. Donc tu a bien reçu ma dernière lettre. Alors, tu à rejoins les mercenaires comme je te l'ai suggéré ? Enfin raconte moi tout ce sera plus simple."

Tyella semblait fulminer en entendant Delthaen lui parler, elle lui répondit sèchement en le fusillant du regard.

" D'une, oui j'ai bien reçu la SEULE lettre que tu m'as envoyée depuis tout ce temps. De deux, encore oui, j'ai rejoins les rangs de cette bande d'énergumènes que tu appelles mercenaires. Et de trois, je n'ai plus envie de te parler étant donné qu'en plus de tout ça tu m'oblige à venir dans ce ...ce ... ce trou a rat ! Je vois pas d'autres mots sinon je vais être vulgaire."

Sur ces paroles Tyella croisa les bras et les jambes, détourna son regard du maitre des épées pour fixer le mur a sa droite. Son visage et le tapement rapide de son pied montraient qu'elle ne s'était pas calmée, bien au contraire elle semblait encore plus énervée.

Après un court silence ou il parut stupéfait, Delthaen afficha un grand sourire à sa semblable.

" Moi aussi ça me fait vraiment plaisir de te revoir !"

Ajouta t-il sur le ton de la taquinerie. Il n'eut en réponse qu'un soupir dédaigneux de la part de l'archimage.

Se tournant alors vers Tave, Delthaen demanda alors.

" Hé Tave ! Sers moi donc une cruche de ton meilleur vin avec deux coupes et aussi deux plats du jours. C'est pas tous les jours qu'on retrouve une amie d'enfance! "

Il ajouta pour Tyella en riant .

"Bon, quand tu sera décidée à me reparler tu me raconteras tout ce qu'il s'est passé depuis le temps ... ou alors tu me l'écrit."

Agacée, l'archimage répondit sans changer de ton.

"Tu n'as vraiment pas changé ..."

Dietfried claqua avec fracas la porte de l'auberge et s'engouffra dans la salle commune sans dire un mot. Sa soutane était couverte de crasse et de sang séchée et son visage arborait de nouvelles balafres. Il s'arrêta à la première table, y déposa son marteau et s'assit sur l'une des chaises. Il paraissait exténuer et d'humeur maussade. Depuis son arrivée au sein de la confrérie c'était la première fois qu'il laissait paraître véritablement ses émotions. En lui bouillonnait une véritable colère qu'il avait bien du mal à contenir. Alors que des regards commençaient à se tourner vers lui il frappa du poing la table et poussa un cri de rage.

"Maudit ! Que je sois maudit pour l'affront que j'ai porté à la Confrérie... "

A cet instants les regards se firent plus curieux tandis qu'il tentait de reprendre son calme. Il inspira profondément et se leva pour faire face aux mercenaires présents dans la salle. Son regard se porta sur chacun de ceux présents et il s'adressa à eux comme à des frères.

"J'ai fauté en ce jour..." Dit-il en contenant difficilement sa colère. "Nous avons connu un nouveau revers au Reikland... Nous nous sommes défendu comme nous pouvions mais l'ennemi était plus nombreux et nos trop maigres défenses n'ont pas suffit pour les empêcher de prendre le fort que nous défendions... J'avais planté notre étendard au dessus de la porte du fort pour que nos hommes soient inspirés mais après un violent coup je suis tombé inconscient et je n'ai pas eu le temps de sauver notre étendard qui a été capturé par l'ennemi... "

Dietfried baissa la tête, son honneur avait été bafoué et par la même occasion l'honneur de la confrérie.

"Je jure devant Sigmar que cet affront sera lavé par le sang, ce crime ne restera pas impuni..." A cet instant il releva la tête son regard empli de détermination. "Je vais de ce pas faire pénitence pour me repentir de ma faute et après je m'en retournerai purger les scélérats qui se sont emparé de notre étendard !"

Une fois qu'il eut fini il se saisit de son marteau, quitta la salle commune et prit le chemin de son officine privée.

"Qu'on ne vienne me déranger sous aucun prétexte !" Furent ces derniers mots avant qu'il ne claque la porte derrière lui.

Plusieurs heures passèrent quand Dietfried revint dans la salle principale. Son visage était un masque impassible, ses yeux brillait d'un feu intérieur et une fine pellicule de sueur recouvrait son corps. Il n'était vêtu que d'un pantalon en lin de longues bottes et d'une chemise blanche, rougie par endroit.

"Tave sers moi un bon remontant, quelque chose de fort qui te fait sauter les boyaux !" Demanda-t-il au vieux halfling qui s'occupait de l'auberge. "C'est une nouvelle journée qui s'annonce dure... Mais nous devons nous battre et repousser ces félons qui pillent impunément le Reikland !"

Alberick, le nez légèrement noirci par la dernière petite explosion provoqué par ces expériences, tourna la tête vers Dietfried...

"Allons capitaine... Dites moi plutôt qui a osé nous prendre notre bannière vous avez bien une idée?"

Un sourire sadique se dessinait sur son visage, sa voix prenait des intonations haut-perchées

"Oui... OUI! Car... Quand nous saurons QUI! Nous trouverons OU! Et quand nous saurons QUI et OU... Nous ferons souffrir ce QUI... Oui..."

Reprenant un visage plus humain il se contenta de toussoter et de lâcher un simple :

"Pardon..."

Il était tard, la nuit était tombée depuis quelques heures déjà et il ne restait plus dans l'auberge que quelques habitués qui finissaient leur verre quand la porte de l'auberge s'ouvrit dans un long grincement. Tave qui était occupé à nettoyer une chope leva la tête et s'apprêta à dire au nouveau venu que c'était bientôt la fermeture mais la surprise failli lui faire lâcher son verre. Les clients qui se tournèrent pour faire face à la porte replongèrent rapidement le nez dans leur verre. Un long silence s'empara de la salle commune que seul les grincements des lattes du plancher sous les pas du nouveau venu vinrent le briser. Cet étrange personnage se présenta au comptoir et Tave toujours éberlué tenta de faire bonne figure :

"Bien... Bien le bonsoir l'ami... Bienvenu au Squig Boiteux... Que... Que puis-je vous servir?" Demanda-t-il avec une once de crainte.

"Pour l'instant ce sera une bière, une bière naine." Lui fut-il répondu par l'individu au ton bourru.

"J'vous apporte ça tout de suite !" S'exclama le halfling en allant remplir la chope à l'un des futs entreposés.

Quand il lui rapporta sa bière l'individu s'en saisi et la vida d'une traite puis s'essuya la barbe d'un revers de son bras. A ce moment là il poussa la chope devant Tave sans dire un mot et ce dernier alla de nouveau la remplir. Après sa troisième chope d'affilée le nouveau venu posa quelques pièces sur le comptoir et alla se poser sur un des sièges au coin de l'âtre au fond de la salle. Tave poussa un soupir avant de récupérer les pièces (tout en s'évertuant à en glisser une dans sa poche, on ne se refait pas ) et recommença à nettoyer la chope. Un des clients au comptoir se pencha vers le halfling et lui glissa quelques mots au creux de l'oreille :

"Vous avez vu? Est-ce un de ces nains que l'on appelle tueur? J'ai ouïe dire qu'il ne faut pas rigoler avec ces gars là ils ne sont pas commode du tout..."

"Oui... Je crois que les ennuis arrivent..." Murmura Tave avant de déglutir bruyamment.

Assis confortablement dans le fauteuil, le tueur regardait les flammes qui dansaient dans l'âtre. Il semblait plongé dans une profonde réflexion. Ses lèvres bougeaient par moment comme s'il murmurait quelque chose pour lui même. Sur ses genoux étaient posées deux haches, dont les seuls ornements étaient des runes sur lesquelles se reflétait la lueur du feu.

De part son apparence sauvage il avait de quoi inspirer la crainte. Apparence qui était souligné par les tatouage qui ornaient son corps et son visage, ainsi que les percings sur ses sourcils et ses oreilles et par le fait qu'il ne portait aucune armure ni même aucune espèce de protection. Mais ce qui était le plus impressionnant était surement sa barbe et sa crête couleur feu. En effet son crâne était rasé à blanc sauf en son centre où il avait laissé pousser une crête qu'il avait dressé au moyen de graisse d'ours. Sa barbe hirsute quand à elle ne faisait que le rendre plus intimidant tout comme les nombreuses cicatrices qui ornaient ses muscles et celle qui barrait son visage au niveau de son oeil.

Tave s'avança timidement, et se racla la gorge pour signifier sa présence au nain. Ce dernier ne sembla pas s'en rendre compte et n'esquissa pas le moindre geste. Tave se rapprocha encore un peu de lui quand soudain le nain se tourna brusquement pour lui faire face.

"Je... Euh... Je voulais juste savoir si vous comptiez rester ici pour la nuit et prendre une chambre..." Bafouilla-t-il.

"Vous n'avez qu'à mettre ça sur ma note." Lui répondit le tueur sur un ton sévère. "J'aimerai rencontrer le dénommé Dietfried Kempel, au plus vite."

"Le capitaine est actuellement en campagne aux environs de Kadrin, mais vous pourrez surement vous entretenir demain avec Dangorn de Castagne qui est l'un de ses officiers."

"Hmmmm... Je vois... Eh bien dans ce cas j'm'en contenterai..." Maugréa le nain.

"Qui dois-je lui annoncer?" Lui demanda Tave.

"Throngrund Drakkinson..."

Sans rien ajouté de plus il attrapa ses deux haches, se leva du fauteuil et quitta la salle commune par les escaliers menant aux chambres.

"Maître nain la chambre douze est libre !" L'interpella Tave en lui lançant la clé.



La nuit avait été une nouvelle fois trop courte, se dit Tave tandis qu'il descendait les marches d'un pas lourd. Depuis que les mercenaires étaient pour la plupart parti en campagne il avait la charge de l'établissement et ce n'était pas de tout repos. D'ailleurs aujourd'hui il devait recevoir un chargement d'alcool en provenance de Marienburg. Mais il fut bien vite coupé dans ses pensées quand il vit Throngrund qui était déjà assis à l'une des tables et qui attendait dans le silence le plus total.

"Vous êtes bien matinal maître nain, j'vous sers quelque chose?" Lui demanda-t-il.

"Quand pourrais-je rencontrer Dangorn de Castagne?" Lui rétorqua le nain.

"Euh... Hmmm... Dans la matinée surement..."

"Bien, je ne compte pas m'éterniser ici, mon destin m'attend ailleurs..." Répondit Throngrund avec un certain entrain.

Il était quasiment midi lorsque Dangorn apparut enfin dans les escaliers, hirsute et les yeux bouffis. Il ne se rappelait plus trop de sa soirée de la veille, à part qu'il avait essayé de remonter le moral d'Alana qui était inconsolable que son mariage avec Caelthin soit repoussé, elle buvait à plein tonneau pour oublier son chagrin (les elfes sont décidément très sensibles, après tout ce n'était pas comme s'il avait été annulé), et Dangorn pour faire bonne mesure avait jugé bon de faire de même pour l'accompagner.

Il avait donc une sacrée gueule de bois ce matin (si tant est qu'on puisse appeler midi le matin), comme si mille chevaliers bretonniens chargeaient à l'intérieur de son crâne.

Il alla s'accouder au bar sans même remarquer la présence du tueur nain.

"B'jour Tave, t'aurais pas une potion ou un cocktail pour soigner le mal de tête ?"

"Bois de l'eau, s'tout c'que j'peux t'conseiller."

"De l'eau ? Par la Dame, tu veux ma mort ?"

"Moi nan, par contre r'tourne-toi y'en a un qui est intéressé j'crois."

Dangorn se retourna lentement, essayant de bouger la tête le moins possible pour atténuer la douleur, et fit face à une crête orange sentant fortement l'ours. Il baissa les yeux et tomba sur le propriétaire de cette impressionnante extravagance capillaire. Sa crête était aussi grande que lui ainsi que les deux haches attachées dans son dos.

"Tave... je crois que j'ai pas encore dessaoulé."

"J'vous présente l'officier Dangorn de Castagne." fit Tave en s'adressant au tueur, puis à voix basse à l'attention du chevalier : "il s'appelle Throngrund, il t'attend depuis l'aube, il a plusieurs fois essayé de tout casser pour patienter, j'ai dû lui servir des bières gratuites pour le calmer. J'ai mis ça sur ta note. Je te le laisse, bonne chance".

Sur ces mots, le serveur halfeling prit congé. Dangorn se retrouva seul face à Throngrund.

"Euh... enchanté messire Thonr... Throngrund, c'est ça ? Que puis-je faire pour vous ?"

Throngrund poussa un long grommellement, cela faisait déjà plusieurs heures qu'il attendait et c'était seulement maintenant que cet humain daignait s'occuper de lui. Il se campa devant lui, le torse bombé et les mains sur les hanches jouant de sa forte carrure qui malgré le fait qu'il ne soit pas plus grand qu'un gamin d'une douzaine d'année le rendait imposant.

"Dangorn de Castagne... Hum... Je ne m'attendais pas à rencontrer un gamin imberbe." Maugréa Throngrund sur un ton bourru. "Bref ce n'est pas le problème... Je me nomme Throngrund Drakkinson et j'aimerai rejoindre les rangs de votre compagnie de mercenaires."

"Je me suis rasé hier, et j'ai les poils clairs. Pour votre intégration dans la confrérie, venez avec moi dans le bureau, il y a un contrat à signer, je vais vous en expliquer les termes. Ensuite il y aura le serment d'allégeance à prêter."

Dangorn alla ouvrir la porte du bureau de recrutement et invita Throngrund à y entrer.

"Après vous."

Dans le calme de ce début de soirée se font soudainement entendre des bruits de pas saccadés sur le devant de porte.
Puis cette dernière s'entrouvrit lentement, laissant place à une petite ombre massive peinant à avancer.
Recouverte d'une fourrure et s''appuyant sur une arquebuse, elle s'avança encore un peu manquant de tomber à genoux. La lueur permit alors de découvrir un visage de nain amaigri, les cheveux très longs, avec de grand cernes, une voix faible en sortit :
- J'm'excuse mais... (tousse) j'me f'rais bien un steak d'ours et une bonne pinte...

Le tavernier nain Nadrong Kreikansson ne reconnut pas tout de suite l'ingénieur émacié par les privations.

- Ca peut s'trouver. Ca f'ra cinq pistoles d'argent. L'ours c'est très d'mandé, ça devient difficile à trouver sur le marché, surtout que c'est pas d'la bestiole d'élevage, faut l'buter le bestiau et il a tendance à s'défendre. Plus d'un chasseur a laissé sa peau en voulant vendre celle d'un ours, héhé. T'as d'quoi payer ?

Le nain se traina difficilement jusqu'à une table et s'effondra dans la chaise.
En opinant de la tête sans dire mots, il sort de son doigt une de ses chevalière en or et la claque sur la table. Les doigts du nain sont violet/noir, il ont souffert du froid cela se vois. Puis reposant sa tête sur ses bras croisés il soupira :
- Merci Nadrong....
A l'évidence les deux nains se connaissent.

En entendant son prénom, Nadrong hésita.

- Hé, tu s'rais l'vieux Mordrep par hasard ? Bon sang ! T'as changé, par Grungni ! Comment va, d'puis l'temps ?

Le brisefer tavernier regarda la chevalière en or sur la table. Son instinct de nain lui disait de la prendre tout de suite, mais sa diginité de nain et le fait que Mordrep soit une vieille connaissance le retinrent.

- Range ta babiole, pour cette fois c'est gr... je... bon allez, c'est pour moi.

La souffrance s'était brièvement lue sur le visage de Nadrong lorsqu'il avait commencé à prononcer le mot "gratuit".

Mordrep redressa la tête pour adresser un sourire forcé, et poussa de nouveau la chevalière. Le nain était extenué.
- Prend la, elle paiera la chambre, si tu en à une à me louer...
Au pire je prend l'écurie. Je rentre de plusieurs mois au haut col, et après des semaines de marche et une mission échouée, je découvre que ma compagnie est vide, mes compagnons disparus, la compagnie des Forges Rancunes est morte.
Je n'ai plus que vous, et la je doit prendre un grand repos.
Puis il rajouta en baillant :
- Et chez vous, pas trop de pertes ?

Assise à une table non loin, Alana était plongée dans ses réflexions. La gêne dans le ton de Nadrong attira cependant son attention. Se redressant, elle décocha un sourire espiègle au tavernier.

"Vous avez entendu, les gars ? Tournée générale de la part de Nadrong !" Clama t-elle à la cantonade.

Quittant sa place, la guerrière fantôme s'approcha du duo sans jamais s'arrêter de sourire. Tandis que les clients exultaient devant l'annonce qui venait d'être faite.

"Quoi ? Moi ? Bah, tu sais bien que j'aime pas la bière, nan juste de l'eau pour moi... mais... Mordrep ?"

L'elfe pila et resta ciller à de nombreuses reprise devant l'état de l'ancien mercenaire. Secouant brièvement la tête, elle s'activa machinalement et tira gauchement une chaise pour s'y laisser tomber.

"Est ce que... ça va ?"