Au Squig Boiteux, la Salle Commune

Dwimbar regarda Petrus avec un sourire pincé. Ce joli coeur avait tout intéret à faire attention à ses moustaches et ses oeillades intempestives dans le décolleté d'Elvyra risquaient de le rendre rapidement imberbe et aveugle à tout jamais. Détachant le regard de cette jolie scène digne du bateau-théâtre de Middenheim, Dwimbar se concentra sur la tablée et s'adressa à Kirstyn avec un ton résolu, presque austère :

-"Vous préviendrez votre oncle et votre tante que nous partirons bientôt dans le Nordland ou le Pays des Trolls, je ne sais pas bien encore. Oui je dis "nous", le capitaine Kempel m'a chargé d'être... hmm... en quelque sorte votre tuteur...une sorte de parrain"

Dwimbar sortit sa pipe et accumula délicatement le tabac en trois prisées dans le foyer.

"Vous me direz..... qu'est-ce qu'un vieux nain peut bien avoir à raconter à une jeune asperge comme vous ? A vrai dire..... je ne sais pas................ D'autant que j'ai l'impression que vous savez bien vous battre et que vous n'avez pas à rougir de... enfin... vous êtes musclée pour une jeune hu...maine...bon... vous ne débutez pas quoi... Je pense qu'on va bien s'entendre .....si vous n'en faites pas trop à votre tête.... et si vous portez d'autres bottes bien sûr...nul doute .........................qu'on vous repérerait dans des régions arides et sans végétation à des lieues à la ronde...J'espère que vous êtes prête ?"

Tout en parlant, l'ingénieur tirait de longues bouffées sur sa pipe. Il en venait à chercher ses mots parfois...

Je regardai Dwimbar, étonnée tout en l'écoutant...
Un court instant passa...puis je laissai ma joie éclater...

- Oh ! Fantastique ! Dis-je en le serrant dans mes bras, et en l'inondant d'un flot de paroles, ne lui laissant plus en placer une...Je n'ai jamais eu de parrain ! Vous allez voir, ça va être terrible ! On va très bien s'entendre. Oui oui, j'irai vite prévenir mon oncle, d'ailleurs, vous devriez venir avec moi, il sera content de faire votre connaissance. Et puis ma tante aura certainement quelque chose pour vous. En tout cas, je suis contente, à votre santé !

Je bus une gorgée de ma chope, trempant mes lèvres tout doucement, étendant la bière dans ma bouche, buvant doucement, savourant l'arôme des champs, de l'été...avec un grand sourire...

Le nain étouffait sous l'accolade de Kirstyn, ne regardant pas trop ce qu'elle faisait.
** voix nasillarde et étouffée **
-"Grmph... lâchez-moi, j'arrive plus à respirer..."

-"Keuf, Keuf...... bon bien je ne pensais pas que vous seriez aussi enthousiaste.....hmmmm...... C'est une bonne chose. Quand à la visite chez votre oncle et votre tante, je veux bien si vous pensez que c'est nécessaire de les rassurer mais il ne faudra pas trop traîner, on a du travail !"

Dietfried entra dans la salle commune par la porte de l'auberge. Son teint était blême, ses yeux rougies étaient soulignés par de vilaines cernes et une fine pellicule de sueur recouvrait sa peau. Ses joues étaient striée par des cicatrices qui témoignaient de la rudesse des combats. Sa robe de bure au dessus de laquelle il portait un gilet de cuir, des épaulières et un gorgerin était déchirée et parsemée de giclées de sang séchées. Dans son dos trainait une longue cape dont le bas était couvert de poussière et de boue. Il jeta un regard circulaire à la salle, puis semblant prit d'une profonde lassitude il fit quelques pas et s'assit à l'une des tables sur laquelle il posa son marteau ouvragé. Il tenait dans une de ses mains sa chaîne de laquelle pendait un petit marteau en argent. Il semblait exténué par les combats à tel point qu'il ne remarqua pas que le silence c'était peu à peu installé depuis son arrivée...

Nadrong s'approcha respectueusement de la table où s'était installé Dietfried, et lui parla à voix basse :

"J'vous sers quelque chose, capitaine ? Z'avez pas bonne mine."

Dietfried leva les yeux vers Nadrong comme tiré d'un mauvais rêve.

"Oh Nadrong, volontier sers moi donc une eau-de-vie..."

Il se passa une main sur le visage pour se débarbouiller de toute cette crasse dont il se sentait souillé.

"Les combats sont des plus éprouvants, la guerre se répand dans tout l'Empire et il ne fait plus aucun doute qu'elle arrivera jusqu'aux portes d'Altdorf..."

La lassitude emplissait le ton de sa voix.

"Enfin par Sigmar c'est une aubaine pour nous autres mercenaires, en ces heures sombres nous ne manquons pas de travail."

- Non non, ça ne trainera pas, promis ! Passez demain matin à la maison, comme ça vous ferez connaissance avec mon oncle et ma tante avant que nous partions. Bon, là, je vais filer, j'ai un rendez-vous ce soir, dis-je à Dwimbar en ramassant mes affaires et les fourrant dans mon sac. Je finis ma chope, fit un bisou sur le front de Dwimbar, et partit avec un grand sourire.

Un elfe venait d'entrer et était au bar...le Capitaine semblait...fatigué...je lui fis un clin d'oeil et un petit signe de la main en me dirigeant vers la sortie.

- Bonne soirée à tous, lançai-je à la cantonade en sortant.

Delthaen adressa un signe de main à Kirstyn en guise de bonsoir.
Puis son regard se posa sur Dietfried. Il examina longuement du regard le prêtre-guerrier qui semblait revenir d'une bataille sans fin. Après quelques instants il lui adressa la parole:

" Salutations. Si j'ai bien compris vous êtes le capitaines de tous ces mercenaires, honoré de vous rencontré, je me nomme Delthaen.
Sans être indiscret, comment ce fait-il que vous soyez dans cet état? Vous semblez avoir connu des jours meilleurs."

Une fois sortie, le froid tombant, je glissai mes mains dans les poches de mon manteau et y trouvai quelque chose qui n'y était pas...
- Tiens, qu'est-ce que...murmurai-je en sortant un petit parchemin, l'écriture m'était inconnue, la signature illisible...je le parcourus des yeux et mon sang ne fit qu'un tour...
Je me retournai et rentrai dans la taverne, me dirigeant directement vers Nadrong, une colère froide se reflétant dans le bleu de mes yeux.

- Nadrong, je sais que la bière avait été offerte, mais je tiens à la payer, dis-je en posant l'argent sur le comptoir, je n'ai aucune envie de devoir quelque chose à quelqu'un ici, ne serait-ce qu'une chope de bière !

Je me retournai et allai à la table du Capitaine.

- Capitaine, désolée, ce n'est pas pour vous accabler, mais je viens juste d'être avertie d'un article de votre règlement dont on ne m'avait pas informée, on me conseille d'adopter l'accent du Reikland... lui dis-je en déposant le petit parchemin sur sa table, je suppose qu'il y en a encore d'autres, et que l'on finira par me dire de quelle couleur doivent être mes dessous ? Vous direz à Shaima et...Laconfir je crois, que je serai ravie de combattre à nouveau à leurs côtés. Sur ce, que Sigmar vous protège.

Et je ressortis, en claquant la porte cette fois.

Aaranis alla vers la porte de la taverne, il vit passer une femme en armure armée d'un marteau sortir en claquant violemment la porte. Il lui fit un bref hochement de tête pour la saluer, découvrant un visage furieux. Il ouvrit la porte, l'air était chaud dans la pièce, et beaucoup de mercenaires discutaient.

"Bonjour vous tous ! Je viens de voir une forgeronne en armure sortir, elle avait l'air furieuse. J'aime me mêler de ce qui ne me regarde pas, donc, que s'est-t-il passé ?"

Il alla vers le comptoir, demanda une Bugman, posa quelques pièces et attendit. La réponse et la bière. Son Lion grogna:

"T'as eu à bouffer il y a 20 minutes ! Arrête de gémir, stupide animal !"

Nadrong resta un moment l'air interloqué suite au départ de Kyrstin.

"Hein ? De quoi parle-t-elle ? Par ma barbe, elle délire, si l'accent du Reikland était obligatoire on n'aurait ni elfes ni nains et encore moins de bretonniens dans cette guilde... Elle a peut-être abusé d'eau-de-vie."

Le tavernier nain se reconcentra sur l'elfe qui venait d'arriver.

"Tiens, un elfe avec un gros matou... Grmblgrmbl... bienv'nue ! Tave, occupe-toi des clients ! Une Bugman pour l'elfe à fourrure et une eau-de-vie pour le cap'taine !"

Le serveur halfeling grogna et alla apporter aux clients les boissons que Nadrong venait de poser sur le comptoir.

"Grmblgrmbl... Z'avez pas compris ce que j'vous ai dit on dirait. Je sais que la présence d'elfes peut suggérer qu'ici il s'agit d'un salon de thé, mam'zelle, mais c'est faux. Me viendrait pas l'idée d'aller acheter un bouclier chez l'épicier, ni d'aller chez le toubib pour réparer mon armure. Si vous voulez boire de l'eau vous vous êtes trompée d'établissement voilà tout."

Tave arriva silencieusement derrière Elvyra et lui glissa dans les mains un mug en étain rempli d'eau.

"S'il vous plaît, tenez et arrêtez de faire du scandale, et ne dites surtout pas au patron que j'vous ai servi ça, il a le coup de hache facile quand il est en colère."

L'eau dans le récipient était trouble, et les reflets irisés à sa surface attestait qu'elle venait tout droit du Reik. Le fleuve était constamment pollué par les fonderies de Nuln en amont, mais les citoyens d'Altdorf n'avaient d'autre choix que d'utiliser cette eau s'ils n'avaient pas les moyens d'en faire venir d'une source plus propre.

"Nadroooooong ! Tave il t'as trahit !" S'exclama immédiatement Alana en voyant la scéne.

L'elfe ne ratait jamais une occasion de faire naître une dispute et cette occasion n'était à ne pas rater. Elle regardait à présent tour à tour le tavernier puis le serveur avec un sourire espiègle, se demandant lequel allait s'offusquer le premier.

"Aussi vrai que l'or brille..." Commença à chuchoter la mercenaire, certaine de ce qui allait suivre.

Nadrong soupira.

"C'est ton peuple qui a trahi le mien, elfe. Arrête donc d'accuser Tave, j'ai bien plus confiance en lui qu'en toi !"

Tave jeta un regard noir à Alana, le genre de regard qui signifiait "j'ai les clés de ta chambre, cette nuit tu as intérêt à être sur tes gardes...".

Après un (très) long moment de reflexion, le répurgateur prit place et commença à fouiller dans la douzaine de carnets posés sur la table.

- Alors voyons … cultistes … non … exécutions … non … suspects … non … interrogatoires ha ! Voilà !

Il ouvrit le carnet en passant d’un marque page à l’autre.

- post mortem … pré-exécution … post culpabilité … pré-culpabilité … en vue d’épuration nous y sommes.

Tenant son carnet ouvert à la main, il sortit un fusain dont il humecta la pointe avant de fixer son interlocutrice d’un œil doux.

- Les éléments de base tout d’abord si vous le voulez bien. Quels sont vos nom, prénom, date, lieu et région de naissance ? Les noms de vos ascendants directs et leur dernier lieu de résidence connu ? Quels cultes pratiquez vous ou avez-vous pratiqué ? Citez pour chacun d’eux les noms des prêtres avec lesquels vous êtes ou avez été en contact s’il vous plait.

Un sourire plein de tendresse apparu sur son visage alors qu’il attendait les réponses, le fusain levé sur la page.

La porte de la taverne grinça en s'ouvrant laissant apparaître sur son seuil le nain. Ce dernier entra sans un mot et scruta l'intérieur du bâtiment. Il observa tour à tour chacune des personnes présentes dans la salle commune avant de se diriger vers le comptoir.

Arrivé devant il grimpa à l'un des tabourets (non sans mal ) et frappa du poing sur le chêne massif avant de passer commande :

"Tavernier ! Ta meilleure bière pour un voyageur harassé par un long voyage ! Et surtout ne m'refile pas ce que les humains fabriquent et osent appeler "bière" ! Le dernier qui m'en a servi a fini avec la chope en travers de la gueule et du plomb dans le derrière !"

Une fois sa commande passée il posa une pièce d'or (encore une fois non sans mal ) sur le comptoir et se débarassa de son sac et de son fusil qu'il posa au pied de son tabouret.

"J'veux aussi une chambre car j'compte rester ici quelques temps !"

Nadrong parut un bref instant vexé, puis finalement se détendit.

"Moi, servir à un nain d'la pisse d'âne brassée par des humains ? Hahaha ! Je n'en sers même pas aux elfes d'habitude, bien qu'j'en ai en stock pour les pénibles qui m'f'raient braire. Ici l'ami, la bière c'est moi qui la fabrique selon les traditions d'mon clan qui sont aussi vieilles que les montagnes ! La Kreik'66, j'te conseille d'y goûter pour t'faire une idée. Sinon j'ai d'la Bugman XXXXXX, toujours très d'mandée bien qu'personnellement j'vois pas c'qu'elle a d'spécial par rapport à la Kreik."

Le brasseur remplit une chope de sa bière comme pour prouver ses dires et la posa devant le nouvel arrivant. Il n'oublia pas d'y joindre la clé d'une chambre. La pièce d'or avait disparu comme par magie tellement le geste du tavernier pour la prendre avait été rapide. Il ne valait mieux pas laisser traîner une telle fortune sur le comptoir, surtout avec un serveur halfeling dans les parages.

"Sinon aucun rapport mais puis-je savoir à qui ai-je l'honneur ? Excuse ma question frère dawi, j'n'ai remplacé le vieux Urvan que récemment, j'connais pas encore bien tous les mercos ni tous les habitués de la taverne."

Dès la prise de parole de son interlocutrice, le répurgateur commença à noter. Il écrivait très rapidement sur toute la largeur des deux pages avec des mouvements vifs, son fusain crissant bruyamment sur le papier.

Quand Elvyra eut achevé son propos il tapota ses lèvres d’un air pensif, reposa son carnet avant d’en ouvrir un autre, particulièrement touffu, dont la couverture de cuir était gravée du mot « PISTES ».

Il en parcouru les pages irrégulières en fronçant les sourcils.

- Voilà. Les montagnes centrales. Deux insurrections cultistes ces dernières années. Nous avons du calciner plusieurs hameaux après en avoir purifié les habitants. Activités permanentes de bandes d’hommes bête. Raids importants il y a trois ans. Nombreuses pierres de harde éparses.

Il referma le tome et le reposa devant lui, son sourire instantanément revenu sur son visage.

- Pouvez vous préciser dans quelle mesure vous avez été impliquée dans les insurrections cultistes des montagnes centrales de ces dernières années ? Quels sont les rapports que vous entretenez avec les hommes bête qui peuplent votre région ? Pouvez vous citer des témoins de vos activités dans ces deux domaines ?

Toujours souriant, il recommença à prendre des notes avant même d’avoir réponse à ses questions

"Je m'appelle Khergar Drakkinson du clan Fierbarbe, j'étais membre d'la guilde des Engingneur de Barak Varr jusqu'à un malencontreux accident dont j'te passerai les détails. Depuis j'roule ma bosse et j'me remplie les poches en louant mes services."

Il s'arrêta de parler pour boire une longue gorgée de la bière que lui avait servi Nadrong. Un sourire se dessina sur ses lèvres, il finit la bière en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire et reposa la chope vide sur le comptoir.

"Pour sur qu'c'est d'la bière naine ! Elle te f'rais pâlir un grobbi ! J'en ai pas bu d'meilleure d'puis que j'suis parti d'Ekrund. Un chouette endroit où y a des tas d'peaux vertes à flinguer. D'ailleurs sers m'en une autre à la santé d'Thorgrim car c'est grâce à lui qu'les affaires vont bien !"