[Archives] Au Squig Boiteux, la salle commune

"Mon garçon... Mon garçon... Peuh ! J'suis plus vieux qu'lui d'abord ! Et puis d'abord d'où on se tutoie ?!" Maugréa Tave en réunissant les effets demandés par Alberick.

Dangorn descendit l'escalier pour arriver dans la Salle Commune. Il était en armure et à chacun de ses pas on entendait un lourd cliquetis de mailles et de plates entrechoquées.

"Ah ! J'ai bien dormi ! Quelle heure est-il ?"
"Bientôt sept heures..." grogna Tave.
"Ah, ça va, il est tôt, j'ai cru que j'avais dormi toute la journée en voyant qu'il faisait si sombre."
"...Sept heures du soir, chevalier. VOUS AVEZ dormi toute la journée."
"Diantre. En tout cas je me sens en forme, et vous savez quoi ? J'ai retrouvé mon armure !"
"On avait pas remarqué..."
"Eh bien je vous le dis, messire Tave. Et savez-vous comment ? Je n'avais nulle raison de m'inquiéter : quelqu'un l'avait en fait ramassée et montée dans ma chambre !"
"Oui, et ce quelqu'un c'était moi." répondit le halfeling sur un ton énervé. Pour lui-même il marmonna "Font jamais attention à leurs affaires, ces mercos, et ça s'prend pour des aventuriers... ben il est beau l'Empire d'nos jours... Un bon séjour dans l'armée du Reiksmarschall ça leur f'rait pas de mal pour r'mettre tout ça dans l'rang moi j'dis...".

Avant de disparaitre dans les escaliers Alberick lança pour répondre au grognement de Tave :

"Trés bien veuillez m'excuser messire, mais la j'ai un peu trop de poids sur les bras pour faire preuve de déférence pour le moment" en désignant Dalrik d'un mouvement du menton

"Puis de par chez moi paraitre jeune est un compliment qui veux dire sembler vigoureux et en pleine santé"

Il disparut à l'étage.

Plusieurs jours s'étaient écoulé depuis le départ de Drugnalf.

Dalrikmakaz s'était presque intégralement remis de sa blessure à l'épaule.

Alberick quand à lui goutait à une nouvelle vie avec son bras de nouveau humain. L'auberge était toujours fermé. Urvan n'allait pas mieux.

Passer son temps à manger, et se reposer n'était pas trop le programme préféré de notre cher répurgateur.

Par ailleurs Tave n'avait absolument rien dit au sujet de l'état d'Urvan.

Tournant en rond comme une âme en peine dans la salle commune, Alberick réfléchissait à comment venir en aide aux mercenaires.

Alors que l'établissement s'apprêtait à fermer, la porte s'ouvrit sur un prêtre-guerrier d'âge mûr, à la robe de bure défraichie, au crâne et à la barbe de plusieurs jours.

La salle était étonnement calme, et le prêtre marcha d'un pas lourd jusqu'au comptoir. D'une voix grave, il demanda un lit dans le dortoir commun. Puis, Tave lui montra du doigt le chemin à suivre.

"Merci. Que Sigmar te bénisse." dit-il, visiblement las.

Sans rien dire de plus, le prêtre s'engouffra dans le dortoir pour y passer la nuit.

Aerandir rentra dans la taverne, Tave lui avait ouvert la porte mais avait hésité quelques instants. Il ne l'avait pas reconnu dessuite, il du le regarder dans les yeux pendant quelques secondes pour voir que c'était bien l'un des mercenaires, d'ailleur seul ces yeux était la partie visible de son corps...

L'elfe s'avança vers le comptoire et s'y accouda a sa place comme à l'accoutumé et dit :

"Je sais que la taverne est fermé mais pourrais je avoir un petit remontant, une pinte, je paierai le supplément... Je veux juste rester un petit moment..."

A ces mots il lui en servit une et le laissa vaquer à ses pensées.

Alors que l'aube étirait les ombres dans les rues d'Altdorf, une certaine agitation tranquille se faisait sentir pour l'ouverture de la taverne. Tave servait une ou deux tables, tandis que des odeurs de viande cuite venaient titiller les narines du prêtre qui venait d'entrer dans la salle.

Celui-ci s'avança vers le comptoir en saluant d'un sourire les personnes qu'il croisait.

"Bien le bonjour, tavernier. Sers-moi donc une assiette de viande chaude avec un peu de bière, pour l'amour de Sigmar. Je vais m'installer près du feu, là-bas."

Il sortit une bourse de cuir et paya sa nuit au dortoir. Puis, le prêtre fit quelques pas puis s'arrêta au milieu de la salle.

"Ah, oui, j'oubliais..."

Il regarda autour de lui et s'adressa à qui pouvait l'entendre:

"En cette belle matinée, m'sieurs dames, je vous invite à venir me voir quand vous le souhaitez pour que je vous entende en confession. Vous pouvez aussi venir me raconter une histoire, ou entendre la mienne. Ou même venir boire une bière à mes cotés ! N'hésitez pas, Sigmar peut tout entendre ! Et tout dire !"

Et sur ces paroles, le prêtre prit place à une table près du feu. Tave lui apporta son plat ainsi qu'une pinte de bière et l'homme commença à manger.

Alberick regarda le prêtre-guerrier du coin de l'œil.

"Une confession quelle idée amusante..." se dit il pour lui même. Mais il ne céda pas à la tentation car l'homme serait probablement tourmenté dans sa foi pendant plusieurs jours s'il devait lui accorder son pardon.
Les nouvelles de l'extérieur se faisait rares depuis le départ de Drugnalf, Alberick s'avança donc d'un pas régulier vers le nouvel arrivant.

"Bien le bonsoir mon père, je vous tiendrai volontiers compagnie si je ne vous dérange pas..."

dit il en attendant patiemment que le prêtre guerrier lui réponde.

- Une confession ? Demanda l'elfe en haussant les sourcils, visiblement intriguée.

Elle s'approcha à son tour d'un pas prudent des deux hommes.
- Bonjour, je me joindrais bien également à vous, cette histoire de confession... m'intéresse. La mercenaire fit une pause puis jeta un rapide coup d'œil à Alberick.
- Mais plus tard, peut être. Quand vous aurez plus de temps.

S'asseyant sans attendre plus longtemps, Alana passa sa commande à Tave d'un geste.

Le prêtre sourit à l'homme et lui désigna une chaise.

"Prenez place, l'ami, dit-il de sa voix rocailleuse. Vous ne me dérangez pas du tout au contraire. Ca fait du bien d'avoir un peu de bonne compagnie en ces temps troublés. Mais commençons par porter un toast à Sigmar, comme il se doit !"

Le prêtre leva sa chope et regarda le plafond comme pour saluer son Dieu, puis il prit une longue gorgée de bière.

Alana s'approcha à son tour, et comme pour Alberick, il lui désigna une chaise.

"Je vous entendrais en confession de façon plus privée plus tard, dame elfe, si vous le souhaitez."

Le prêtre sourit chaleureusement aux deux mercenaires.

"Mais je ne me suis pas présenté, quel fichu imbécile je fais ! Je m'appelle Kaspar von Ockholm, du Nordland. Enchanté !"

L'elfe inclina légèrement la tête en signe de remerciement.

- Alana, d'Ulthuan. Enchantée également.
Merci pour la confession Kaspar mais avant il faudra que vous m'expliquiez deux ou trois choses sur cette... euh... coutume ?

C'est ce moment que choisit Tave pour apporter la boisson de la mercenaire, une tisane ou quelque chose y ressemblant.

"Alberick... enchanté Sir von Ockholm" qu'est ce qui peux bien vous amener ici par un froid pareil?"

Alberick leva son verre tout en touchant la croix de Sigmar riveté à son manteau de cuir au niveau du cœur.

En se présentant il avait retirer son chapeau de cuir souple, dévoilant son visage à Alana pour la première fois depuis qu'il avait récupéré l'intégralité de son humanité (HRP voir l'épisode "Rédemption").

Son visage avait repris des couleurs et son sourire était des plus avenant (certainement parce qu'il n'avait plus rien de "carnassier"), ses cheveux étaient propres et soigneusement coiffés, son regard pétillait de vie. Le contraste en était presque choquant en comparaison avec le sombres personnage qui avait débarqué dans la taverne il y a quelques temps.

"Racontez moi" poursuivit-il à l'attention de Kaspar

"Alana d'Ulthuan... Oui, la notion de confession ne doit pas vous être familière, à vous peuple elfe. Pour faire court, la confession permet à une personne de faire connaitre ses actions ou pensées mauvaises à un homme d'église, de se décharger du poids de la culpabilité et ainsi demander le pardon au Dieu Sigmar. Chaque prêtre est apte à recevoir cette confession. Et chaque personne se doit de se confesser au moins une fois dans sa vie afin de demander pardon et se repentir."

Kaspar but une gorgée et avala un morceau de viande.

"Et je suis certain que vous, ainsi que le sire Alberick, aurez un jour besoin de vous confesser. Je serais heureux d'être là à ce moment pour vous écouter et vous pardonner au nom de Sigmar."

Puis, le prêtre regarda Alberick.

"Je ne suis pas d'une famille noble, l'ami. Appelez-moi père Kaspar, ou simplement Kaspar."

Son regard se fit plus vague mais son sourire ne le quitta pas. Le feu crépitant dans l'âtre sembla attirer son attention.

"Je vais te raconter, l'ami. Oui, je vais te raconter un bout de mon histoire..."

"Pas d'une famille noble ?" s'indigna Dangorn de Castagne, "dans ce cas, d'où vous vient la particule 'von' dans votre nom ? Seul un noble a le droit de porter une particule !".

Le chevalier pointa le prêtre du doigt dans une posture d'accusation.

"Dois-je en déduire que vous nous mentez ? Et si oui, auriez-vous l'obligeance de nous dire pourquoi ?"

Kaspar se tourna vers l'intrus, le regard sévère et la mâchoire serrée. Il se leva pourtant lentement et le dévisagea.

"A ton parler, l'ami, tu dois être de Bretonnie. Et j'imagine que les coutumes de l'Empire ne te sont pas toutes connues."

Le prêtre desserra le poing, visiblement en train de garder la maitrise de lui-même.

"Sache que je n'ai pas de nom de famille. Et si tu avais écouté mon histoire, tu aurais entendu que je viens d'un pauvre village appelé Ockholm, dans le nord. De là vient ce nom, si on peut l'appeler ainsi: Kaspar d'Ockholm. C'est une façon de distinguer les gens qui n'ont pas d'autre nom."

Puis, le prêtre s'assit, vraisemblablement calmé.

"Je ne suis donc pas un menteur, arrogant chevalier. Tu connais mon nom à présent, mais je ne connais pas le tien, l'ami."

"Sauf votre respect, mein Vater, je ne suis point votre ami, et j'ai horreur qu'on me tutoie sans me connaître. Mais vous avez bien deviné, je suis bretonnien et je me nomme Dangorn de Castagne. Désolé de vous avoir traité de menteur, je n'avais point ouï votre histoire, j'étais... absorbé par une autre affaire. Et il est vrai que les coutumes de l'Empire m'échappent quelque peu. Chez nous, on n'a guère l'habitude de s'appeler "de Couronne" si l'on n'est point seigneur de ce lieu."

"Bien, messire de Castagne."

Kaspar recouva une attitude plus détendue et sourit au chevalier.

"A mon tour de m'excuser auprès de vous. Je suis d'une nature assez... passionnée, dirons nous, et je tutoie la plupart des gens, c'est une fâcheuse habitude. D'autant que je viens du petit peuple, et malgré une éducation tardive, certains travers me reprennent parfois."

Il désigna une chaise et invita Dangorn à s'assoir auprès de lui, avec Alana et Alberick.

"Si vous voulez bien prendre une chaise, messire. Je serai ravi d'en savoir plus sur la seigneurie de Castagne, je n'en ai jamais entendu parler."

Dangorn de Castagne accepta volontiers de s'asseoir pour parler de son pays natal. A chaque fois qu'on évoquait la Bretonnie dans une conversation, cela le rendait nostalgique et il pouvait raconter des histoires de là-bas pendant des heures et des heures.

"Merci. Par où commencer ? Castagne, c'est ainsi que se nomme mon fief, est une petite baronnie du Moussillon, non loin des frontières de l'Artenois et du Lyonnesse. Vous avez sans doute déjà entendu parler du duché de Moussillon ? En Bretonnie on le surnomme 'le Duché Maudit' en raison des sombres trahisons qui ont entâché son passé et dont les conséquences sont encore visibles."

Son air devint triste.
"La terre elle-même y est en deuil, l'herbe est sombre et grasse, l'air humide et glacé, il y pleut en permanence sauf quand il bruine ou qu'il y a du brouillard. Quand je suis parti, j'ai été étonné de sentir mes habits sécher pour la première fois dans le vent vivifiant, et je n'avais jamais vu le bleu du ciel derrière les nuages. Il n'y a jamais de vent sans pluie en Moussillon. Le ciel y est toujours du même gris clair uniforme, virant au gris sombre les soirs d'orage. Mais tout ça n'est rien. Ce qui est grave, en revanche, ce sont les monstres mutants et les morts-vivants qui souillent cette terre en la foulant nuit et jour, aussi sûrement que la boue grise et collante souille nos bottes et nos capes."

"En Moussillon, il y a un très grand marais, le Marais des Goules. C'est là que se situe ma baronnie. On y est souvent obligés de chasser les innombrables créatures qui y prolifèrent pour qu'elles ne viennent point menacer les villages. Mais ces marécages sont aussi la source principale de nourriture pour nos gueux : ils y trouvent des grenouilles et des escargots. Enfin sauf ceux de Sainct-Landouin : ces paysans ne se nourrissent que de grenouilles car ils vénèrent les escargots, les imbéciles. Ils croient qu'il existe un dieu-gastéropode qui va les sauver de leur misère... Voyez-vous cela ! Bref, ce n'est certainement pas le meilleur endroit du monde, mais c'est ma terre, c'est là-bas que je suis né et c'est pour elle que j'ai entrepris ma Quête du Graal. Puisse la Dame me guider."

"Du Graal? rien que ça?" s'étonna Alberick avec un ton faussement exagéré.

Son ton moqueur n'avait d'autre but que de faire changer l'expression triste du Bretonnien, mais cela sembla sans effet.

"Ne vous inquiétez pas messire chevalier, un jour nous balayerons le chaos et les morts vivants de vos terres comme des autres, mais pour le moment d'autre problèmes plus graves nous pendent au nez..."

"Kaspar ma confession attendra, pour l'instant j'aurai besoin de votre aide et de votre bénédiction pour quelques affaires, si bien sur vous êtes d'accord?"

Alberick avait plusieurs idées derrière la tête mais avant tout il devait prendre un "nouveau départ" en quelques sorte... Kaspar pourrait l'y aider et peut-être...

"Dame Alahna, Messire Dangorn je vais aussi avoir grand besoin de vous..."

Aux mots de l'humain, l'elfe grimaça.
Avoir besoin d'elle, cela ne pouvais signifier que du travail et donc de la sueur et de la fatigue. Chose qu'elle n'estimait pas avoir besoin durant ses petites vacances dans la taverne.

- Pour quelle raison ? Demanda finalement la mercenaire d'un ton sans aucun entrain.

Le chevalier bretonnien réfléchit un court instant.

"Pourquoi pas ? Après tout, le Graal peut apparaître n'importe où tant que la cause est juste. La cause est-elle juste, Alberick ?"

La cause est juste chevalier puis qu'elle est la notre!

Ma dame votre aide me serai précise en tant que guide, si vous ne pouvez pas, j'aimerais au moins que vous me renseigniez si cela vous est possible.

Mon cher chevalier, j'aimerai avoir recours a vos talents de combattant sans pour autant prendre de risque mortel.

Mon père vos soins seront les bienvenus, et j'ai aussi besoin de vérifier quelques petites choses en privé avec vous mais cela peu attendre.

si tout le monde a cette table n'a point trop d'occupation, je serais ravis que vous me veniez en aide.

L'elfe se contenta de hocher la tête en silence avant de saisir la choppe se trouvant devant elle pour la porter à ses lèvres.

- Mais avant...
Tu pourrais peut être nous raconter ce que c'est réellement que ce graal Dangorn. Sais tu seulement à quoi il ressemble ?

"En fait, c'est compliqué... C'est plus qu'un simple objet, d'après ce qu'on m'a dit. C'est un 'concept'." dit Dangorn en insistant sur ce mot comme s'il s'agissait d'un grand mystère.

"Après, je ne sais point quelle forme peut avoir un 'concept', si ça se trouve c'est juste un mot compliqué pour parler d'un calice ou d'un vase... Une chose est certaine, c'est que ceux qui y boivent deviennent des saints vivants, rien que ça ! Mais pour cela, il faut que j'accomplisse une quête pour prouver que je suis digne. Et si je le suis, la Dame du Lac viendra me donner à boire au 'concept'. Un légende dit que le liquide contenu dans le Graal a le goût d'un très bon vin de Bordeleaux. J'ai hâte d'y goûter. Je ne sais guère s'il faut tout boire d'un coup ou si l'on peut en garder un peu dans une gourde pour en faire profiter les amis, je demanderai à la Dame quand je la verrai."

"Hé, Tave, par hasard tu n'aurais pas un 'concept' parmi tes chopes et tes verres ? C'est pour montrer à Alana."

D'un pas légèrement peu assuré Dalrikmakaz déboucha dans la salle commune. Immédiatement il se tourna vers Tav:

-Tav' , sert moi de quoi remplir ma pense, elle est restée vide trop longtemps , avec une choppe de biere, merci.

Ceci-dit il se posa sur un tabouret et s'accouda au bar en attendant sa nourriture