[Archives] Au Squig Boiteux, la salle commune

Il était encore tôt mais déjà la taverne était en pleine agitation.

La porte ne cessait de claquer à chaque fois qu'Urvan entrait en sortait pour rapporter les futs de vin jusque dans la cave sous une trappe derrière le comptoir. Tave lui était occupé à grimper sur un escabot pour changer les bougies du lustre accroché au plafond. En cuisine Yadaraf préparait viandes et légumes pour rassasier l'appétit des clients.

Il y eut tout à coup une violente explosion qui fit trembler les murs et qui manqua de faire tomber Tave de son escabot. De la fumée remonta de la trappe tandis qu'on entendait une violente quinte de toux.

"Kof ! Kof ! Ne craignez rien ! Prévint Kreikan, le brasseur de la Confrérie. C'est Juste la machine qui fait des siennes !"

Urvan ne put s'empêcher de rire en entendant son vieux compagnon pester contre tout son matériel à la cave.

Encore un coup de chiffon sur le comptoir et le Squig Boiteux serait fin prêt à ouvrir ses portes aux premiers clients de la journée. Les tables et les chaises étaient en ordre, le balai avait été passé dans toute la pièce et les chopes étaient propres.

"J'ouvres Tave, dépêche toi d'finir avec ces bougies on risque encore d'avoir du pain sur la planche." Dit Urvan en se dirigeant sur le pas de la porte pour retourner l'écriteau.

A peine avait-il retourné l'écriteau que Dangorn poussa la porte en lançant joyeusement :

"Bonjour ! Je prendrai un saucisson et une pinte de Kreik'67, s'il vous plaît !"

En attendant il alla s'accouder au bar comme à son habitude, sa cape jetée sur l'épaule pour plus de confort. Il sentait fortement le cheval (normal puisqu'il venait de dormir aux écuries).

Les premiers rayons du jour venait juste de commencer à se dessiner dans le ciel. KarakAlaric fixait ces rais de lumière d'un air songeur. Ceux qui étaient avec lui, devant la porte de la taverne, auraient pu penser qu'il se rememorait une quelconque rancune naine, mais en réalité, il dormait debout : L'Alchimiste n'était définitivement pas du matin.

Il attendit ici, jusqu'à ce que la taverne soit enfin ouverte. Le nain entendit l'écriteau grincer en tournant pour annoncer le commencement de la journée, et cela le reveilla. KarakAlaric tourna la tete vers la porte, mais n'y trouva plus Dangorn. Un coup d'oeil plus minutieux revela qu'il était déja accoudé au bar.

L'Alchimiste rentra assez discretement dans la taverne, salua de la tete Dangorn, Urvan et Tave, puis alla s'installer à coté de Dangorn.

"La meme chose que l'Humain !" annonca-t-il à Tave en indiquant le bretonnien. Celui-ci releva la tete vers KarakAlaric afin de savoir ce qu'il lui valait d'etre traité d' "Humain".

"Et bien quoi, tu as bien commandé quelque chose, non ?" se défendit le nain mal reveillé.

Kendor descendit les escaliers d'un pas leste, son armure lustrée sur le dos, une cape gris sombre sur les épaules, rasé de près et apparemment parfaitement réveillé.

"Salut, les lève-tôt, lança-t-il d'un ton léger en s'emparant d'un morceau de pain sur le comptoir. Bien dormi ?"

Les grognements qu'il reçut en réponse le firent sourire tandis qu'il vérifiait les attaches de ses jambières.

"Bon, j'ai à faire, je file. Au fait Dangorn, tu devrais vraiment arrêter de dormir avec Patapon, ça sent jusqu'en haut quand tu rentres."

Sans attendre de réplique, il quitta l'auberge par l'entrée principale et se rendit à l'écurie.

Marxens Koënig fixait l'auberge. Un étrange sentiment montait en lui. Oui, il était de retour chez lui. La porte s'ouvrit et il vit Kendor se diriger vers les écuries. Un crie monta dans sa gorge, mais il se ravisa. Il avait tout le temps.

Il traversa d'un pas rendu furtif par toutes ces années à chasser dans les Montagnes Grises. La ville le rendait mal à l'aise. Il se sentait trop à découvert dans ses rues. Et les maisons semblaient l'épier de partout. Dans les Montagnes Grises, si tu es vu le premier, tu es mort le premier. Il pressa le pas en arrivant vers la porte.

Il espérait que ceux de la Confrérie ne l'aurait pas oublié. Cela faisait tant de temps. Il n'avait pourtant guère changé. Pas pris de bain depuis au moins six mois. Toujours de vieilles hardes en guise de vêtements. Des cheveux longs et en pagaille et une barbe qui pourrait rendre jaloux un Nain. A sa ceinture de cuir élimé pendait une hache de bûcheron au fer rouillé par le sang noirâtre des goblinoïdes. Un arc, seul élément soigneusement entretenu, était passé sur son épaule. Un carquois en peau - peau d'ailleurs difficilement identifiable - était passé en bandoulière. Une douzaine de hampes de flèche dépassaient, toutes différentes : on notait des flèches goblinoïdes, une ou deux impériales et au moins trois qui appartenaient à des maraudeurs.

Marxens souffla avant de pousser la porte. Celle-ci s'ouvrit sur l'auberge si familière. Il entra.

- "Bien le bonjour, la compagnie !"

Dangorn se leva pour intercepter Marxens. De toute évidence, il ne l'avait pas reconnu.

"Désolé, messire, mais cette taverne n'est point un refuge pour les mendiants. Allez plutôt vous adresser au temple de Shallya."

Puis, voyant le visage de son interlocuteur de plus près, il eut l'air de réfléchir.

"Attendez, je vous connais, vous..."

Marxens était content de voir que le preux chevalier avait encore tout son courage pour s'approcher aussi près de lui.

- "Ce cher Dangorn ! C'est moi, Marxens ! Marxens Koënig ! Celui des Montagnes Grises ! J'suis bien content d'être là ! Je vais aller me prendre mon bain annuel et je reviens de suite boire une bonne chope de Kreik67."

"Marxens ! Ha ben ça si je m'y attendais ! On ne vous avait point vu depuis... attendez... un... deux... trois..."

Dangorn compta sur ses doigts mais s'arrêta soudainement, comme s'il réalisait quelque chose.
*Hum, j'ai pas assez de doigts pour compter tous les jours.*

"...En tout cas ça fait un bail ! Je ne vous avais point reconnu. C'est les cheveux, la dernière fois ils étaient plus courts, ou plus longs je sais plus. Enfin bref... un bain ! Oui ! C'est une bonne idée !"

Le chevalier dégageait un fort fumet de cheval, mais même ses narines avaient fini par être attaquées par l'odeur du chasseur.

"Je devrais en prendre un, un de ces jours, moi aussi, mais il fait froid en ce moment, je vais peut-être attendre le printemps. Allez-y, on se revoit tout à l'heure ! Vous nous raconterez votre voyage !"

- "Pas de problème, Chevalier !" Fit Marxens en saluant Dangorn.

Il s'approcha du comptoir où quelques clients matinaux s'écartèrent, leur bière avec, pour laisser une zone de sécurité autour du chasseur.

- "Mon bon Urvan, j'ai tellement de crasse sur le dos que même les puces ne peuvent me piquer ! Hé, hé ! J'prendrais bien un bain avec le truc qui sent bon. Du...? Oui, c'est ça, du savon ! Et après un bon repas et de la bière ! Tiens, j'ai de quoi payer cette fois !"

Et fier de lui, il sort une poignée de pièces sales, tordus et quasi-illisibles. La plupart de ces pièces ne semblaient appartenir à aucune race connue. Urvan découvrit même des pièces en fer que les Orks aimaient à s'échanger entre deux coups de tête. Le tout avait encore moins de valeur que les deux boutons de culotte qui s'y étaient glissés. Mais avant qu'il puisse donner son avis sur la question à Marxens, celui-ci avait déjà grimpé à l'étage avec Tave. "Bah" soupira-t-il "Ca vaut mieux après tout, j'aimerais pas qu'il fasse fuir tous les clients..."

KarakAlaric regarda l'inconnu partir à l'étage d'un air fatigué.
"Vraiment, les connaissances de Dangorn me surprendront toujours." Lanca-t-il à un compagnon de beuverie humain à coté de lui.
"Gnnnhh... Daaangorn... L'Humain ?" Répliqua ce dernier, à qui l'alcool au matin ne reussissait vraiment pas.
"Rah, tu sais, c'est pas parce que je l'ai appelé "Humain" une fois qu'il faut que ca devienne un nom emblematique. Tu es humain, aussi, je te rappel."
Des grognements meles à des ronflements furent la seul réponse qu'il obtint.
"Mais au moins, tu retiens bien ce que je te dis. Ahah, c'est une bonne chose, tu iras loin. Si tous le monde faisait comme toi, l'Empire serait un havre de paix et les skavens auraient été exterminés !"
Sur ce, il donna une tappe amicale sur l'épaule de son compagnon. Celui-ci s'effondra sur le comptoir et glissa lentement jusqu'a tomber par terre.
"Mais dis-moi, p'tit gars, c'est que tu serais encore plus frele que Jäger au lendemain de son operation. Peut-etre meme plus qu'un elfe ! Ahah !"
L'Alchimiste commenca à rire, mais il vit que l'humain ne respirais quasiment plus, et avec difficulté. Le nain s'arreta subitment, jeta quelques regards à droite à gauche pour etre sur que personne ne savait qu'il était "responsable", puis il pris sa bière et alla s'installer un peu plus loin, pres d'Urvan.
"Oh mais dis-moi" lacha-t-il à l'encontre de ce dernier. "Je pourrais bientot reprendre ma chambre... Enfin je veux dire reprendre les... Experimentations que je faisais dans ma chambre... N'est-ce pas ?"

Alana descendit l’escalier en maugréant. L’elfe avait l’air profondément contrariée.

Dites ? C’est quoi cet espèce de tas de boue ambulant qui m’expulse à moitié de la salle de bains pour s’y fourrer avec Tave ?

Toujours grimaçante, au souvenir de l’ours rencontré plus haut, elle gagna une chaise.

Non mais je vous jure. Y en a qui sont vraiment sans gêne ! D’accord, je veux bien admettre qu’il y a urgence mais j’étais… Ha ! Rassurez moi… Ce n’est pas une nouvelle recrue quand même ?

Shandra poussa la porte et entra d'un air guilleret, avec un grand sourire, elle lança :

- Bonjour la compagnie, passé une bonne nuit ? Urvan, tu m'envois un p'tit dej' spécial menu Best Ogre ?


Urvan envoya la commande en cuisine en regardant Shandra s'assoir. Il lui apporta ensuite le repas.

- Je ne te demande pas ce que tu as fait de ta nuit, gamine.
- Non, mon cher, mais saches que c'est bon pour les affaires de la guilde.
- La prochaine fois, tu nettoies le sang sur tes bottes avant d'entrer. Maugréa le nain.

Shandra englouti son petit déjeuné, puis se leva pour se diriger vers l'étage, le sourire au lèvre.

- Bonne nuit à tous !

Laconfir essaya de passer discrètement d'un lieu de sommeil à l'autre, des toilettes à sa chambre, ou plutôt au dortoir commun, mais il ne put s'empêcher de tousser lorsqu'il senti une odeur pire que la sienne...

- Par tous les vents de l'aethyr ! quel démon du dieu putride s'est infiltré ici ??

Voyant les yeux des personnes présentes et leurres faces accusatrices, il décida de faire profil bas et d'aller se changer au plus vite dans sa chambre..

Petrus entra dans l'auberge en poussant la porte de l'épaule. Ses mains miraculeusement propres étaient chargées de tourtes à la viande halfing toutes fraiches et son visage arborait une expression etonnement detendue et apaisée.

- Bonjour tout le monde, belle matinée n'est ce pas?

Il se dirigea vers le comptoir ou il deposa son chargement.

- Urvan, je vais effacer mon ardoise, je suis en fonds.

Il tira sa bourse et en sortit plusieurs pieces d'argent qu'il déposa soigneusement sur le comptoir.

- Si quelqu'un veut des bonnes tourtes à la viande, servez vous elles ont à peine eu le temps de refroidir.

Dangorn mâchait un bout de saucisson qu'il avait préalablement trempé dans la bière.

"Merchi Petruch, ch'est gentil, j'en prendrai peut-être une après. Ch'est de la viande de quoi ? Et au fait, tu les as eues comment ?"

Le répurgateur hesitait visiblement à se mettre à la bière de si bon matin, mais quoi de meilleur qu'une bonne bière avec une tourte à la viande?

- Sers toi comme tu veux, c'est au porc, c'est un halfing qui me les a offert, elles sortaient de cuisson. Je peux avoir une krieg?

Alana regarda Laconfir remonter l’escalier la queue entre les jambes.

Eh bien… Tave va avoir du boulot.
Tiens, on pourrait même en profiter pour faire un décrassage général !
Apprendre à tout le monde que le savon n’est pas une friandise elfe, que les vêtements propre ça ne fait pas tafiole, qu’il faut se laver les mains avant… Non, on va rester sur les grandes lignes quand même.

Bjarn observa l'elfe sans rien d'autre qu'un grommelement, assis a une table, il affutait d'un geste lent et régulier la lame refondue offerte par son père. Il plissa les yeux en l'observant, puis sourit
"Forgemort... Oui, Grungrondar, voila un nom qui lui ira très bien.
Sans un mot de plus il posa sa hache sur la table et s'attela a polir son bouclier

Alberick souhaitait rester discret son passé étant des plus... génant ... dirait il. Il rabbatit la capuche de sa robe de bure qui ne laissait paraitre de tout son être que le bas de son visage et entrât dans la taverne. Un coup d'oeil rapide lui fit distinguer quelques humains, beaucoup de nains et une elfe. Aprés un signe de tête poli en direction de l'aubergiste il âllat promptement s'installer à une table vaguement éclairé mais assez proche de l'hatre ou une belle flambé le réchauffait à cette heure tardive.

"Eh bien, Petrus, si ce halfeling te les a offertes et que tu n'en veux point, je me sers volontiers. Elles sentent drôlement bon. Bjarn, vous pouvez me passer Grugrongra... Gongru... enfin votre hache pour couper les parts ? J'ai oublié mon couteau dans le crâne d'un gobelin la dernière fois."

Vu le regard outré de Bjarn, Dangorn se dit qu'il n'aurait peut-être pas dû lui demander ça. Après tout, cette hache était anciennement celle d'Urvan, récemment reforgée, il devait y avoir un fort lien affectif entre le nain et son arme.
Puis le bretonnien remarqua le nouvel arrivant. Et Tave qui mettait trois plombes à servir les mercenaires.

"Tave, je crois qu'il y a un autre client pour toi, il attend devant le feu."

Tave ronchonna, posa une chopine de Kreik'67 devant Petrus, et s'approcha du nouveau venu, sortant un carnet et une plume de son aumônière pour noter les commandes.

"Vous désirez ?"

Tiré de ses réveries Alberick tournât légérement là tête sans dévoilé son visage vers l'aubergiste.

Vous désirez?

D'une voix grave et calme il répondit:

Quelque chose de chaud, ce que vous avez, je prendrai aussi une chambre, avec un lit et un bain, je compte bien entendu sur votre discrétion.

fouillant dans sa manche il retirât une petite pochette de cuir qu'il tendit à l'aubergiste, elle contenait 5 pièces d'or rutilantes frappés d'armoiries inconnues du propriètaire de l'auberge.

il restât ensuite silencieux...

le son cliquetant des pièce et la demande de l'inconnu arrêta net laconfir, bien que sale, il s'approcha de l'individu et lui sussura:

- l'ami, si tu veux faire de vieux os dans l'coin, je te conseil vivement de pas faire cliqueter ta bourse ainsi, surtout vu la contenance, enfin bon ça me concerne pas mais évite de regarder derrière toi...

Sur ce, Laconfir monta pour de bon dans sa chambre sans bain...

Prenant le conseil de l'homme qui montait maintenant dans sa chambre, Alberick esquissât un sourrire.

Et se contantât de croiser ses mains dans ses manches, il caréssât doucement son bracelet de cuir où étaient disposé des petits couteaux d'argents sanctifiés et frappés du symbôle de Sigmar. Un frisson lui parcouru l'échine quand il entendit un murmure qu'il semblait être le seul à avoir entendu...

...Pas ici... Pas les humains... n'oublis pas... tu es en surcis... tu es à moi...

Il serra les dents et se contantât de poser ses mains sur ses genoux tout en fixant le feu d'un regard plein de colère et de frustration.

Les marches grincèrent sous le pas pesant de Drugni. Vêtu des pieds à la tête de son armure lourde le capitaine des mercenaires du Reikland toisa du regard l'ensemble de la salle tapotant de façon distraite le manche de son marteau contre la paume de sa main. Engoncé de la sorte il avait fier allure.

"Tave sers moi donc une chope et une bonne miche avec du jambon grillé" Maugréa t'il de sa voix rauque.

Il finit de descendre les marches et s'installa à la table de Grumdin sur laquelle il posa son marteau. Le vieux nain regarda un instant son neveu y retrouvant dans sa façon de faire et dans son visages des traits propres à son père. Quand Grumdin se tourna vers lui il lui adressa un sourire chaleureux et lui tandis une pipe et sa blague de tabac.

"T'en veux? J'le fais v'nir directement du Mootland. Si les halflings sont véritablement doué pour quelque chose mise à part la bouffe c'est bien le tabac à pipe !"

Il se faisait tard quand Alberick vit enfin la personne qu'il attendait descendre les escalier et s'installer à la table d'un des nains déjà présents dans la pièce.

Ecoutant attentivement la conversation il vérifiât qu'il s'agissait bien du chef des mercenaires. Il se levât donc prestement et s'approchât de la table comme s'il allait simplment passer à coté et arriver à la hauteur des deux nains il tira de sa manche une peau tané soigneusement travaillé contenant plusieurs feuilles de papier et les tendit à Drugnalf.

Ceci vous reviens de droit. Je serais dans ma chambre et j'attendrai aprés 1h du matin. Si l'affaire n'est point pressante nous discuterons demain.

puis tournant les talons il se dirigeât vers l'aubergiste qui lui indiquât sa chambre qu'il rejoingnit prestement.